Le tournoi de golf le plus décortiqué
L’idéal, l’inespéré idéal, ce serait une conférence de presse le 28 août au matin. Au club de golf, avec Max Pacioretty, Marc Bergevin, Geoff Molson et Claude Julien devant les caméras et les micros. Tout souriants. Pour l’annonce de la signature d’un contrat de sept ans du capitaine avec l’équipe de son coeur et la ville de son amour. Le Canadien de Montréal.
Tout changerait. On pourrait avoir de l’espoir. Un capitaine, un scoreur de 35 buts et, un jour, un joueur de centre pour lui passer la rondelle.
Et même si Bergevin ne souriait pas, ça serait bon quand même. Avec un contrat à long terme, la valeur de Pacioretty serait magnifiée. Bergevin ne perdrait pas tout, il n’aurait pas l’air d’un incompétent perdu derrière des directeurs généraux trop brillants.
Au moins, même s’il n’y a pas de conférence de presse et que la tension est à couper au couteau, le Canadien a confirmé hier que Geoff Molson, Marc Bergevin, Claude Julien et ses assistants participeront tous au tournoi de golf de Super Max.
Pensez-y, juste devoir annoncer par communiqué officiel que le président, le directeur général et le coach seront présents au tournoi de golf de leur capitaine à deux semaines de l’évènement est la confirmation par l’absurde que la situation est pourrie.
Mais pour éviter que la situation ne dérape encore plus, le Canadien a pris la bonne décision. Mettre le plus vite possible le couvercle sur les rumeurs fantaisistes qui couraient déjà en ville.
ÉVITER LE PIRE
La présence d’un seul Dieu en trois personnes, le père Molson, le fils Bergevin et le Saint-esprit Julien, est déjà un pas dans la bonne direction. Ce tournoi sera le tournoi le plus décortiqué de l’histoire du golf. On va scruter les visages à l’arrivée au club de La Vallée du Richelieu, on va vérifier qui parle avec qui, on va s’intéresser aux chuchotements, on va enligner les déclarations lénifiantes dans les micros et on va repartir avec un soupir de soulagement.
Si c’est ce qui se passe, et tout indique que ce sera le cas, alors le partisan est encore le mal baisé dans l’histoire. C’est simple. Il y a trois possibilités. 1- Max Pacioretty signe un contrat à long terme avec le Canadien.
2- Max Pacioretty est échangé avant le début de la saison pour des pinottes et un sac de chips.
3- Max Pacioretty joue toute la dernière saison de son contrat à Montréal et devient joueur autonome le 1er juillet prochain et le Canadien se retrouve avec absolument rien dans les mains. Même pas de pinottes et de chips.
LE PEDDLER À L’OEUVRE
Tout le milieu du hockey soutient que Marc Bergevin a essayé de pedler Max Pacioretty avant le 1er juillet. Et selon une bonne source, suffit de relire la chronique de Marc De Foy d’il y a quelques semaines pour savoir comment Pacioretty a été traité par la haute direction du Tricolore : « L’organisation est chanceuse que Max Pacioretty soit un aussi grand gentleman et surtout un très bon gars », m’expliquait un branché de longue date.
Mais ça ne pourra durer éternellement. Résumons les trois possibilités :
1- On fait signer un contrat à long terme à Pacioretty. Ça permet au CH de bâtir son attaque autour de son capitaine en espérant qu’un jour on lui trouvera un joueur de centre. Sinon, puisqu’il aura un pacte, Bergevin sera capable d’intéresser une autre équipe à investir une belle valeur en retour d’un joueur fiable et talentueux de 30 ans à peine.
2- On échange Pacioretty sans contrat, dans les environs de la date limite des transactions. Dans ce cas, le Canadien va se retrouver avec un sac de pinottes puisque la formation intéressée devra prendre le risque de perdre l’américain quelques mois plus tard. À moins que Pacioretty n’accepte de signer un contrat avant la transaction. Mais c’est un gros risque à prendre et les chances de se planter pour le CH sont énormes.
3- Pacioretty joue à Montréal. Il connaît une bonne saison et il se prévaut de son autonomie. Il sera libre comme l’air et le Canadien va se retrouver Gros-jean comme devant.
PILER SUR SON ORGUEIL
Ce que vous venez de lire, comme dirait le Dr Spock, c’est de la logique. Mais parfois, les décisions sont tributaires de l’inconscient, des préjugés et d’un orgueil mal placé. Je ne suis pas psychiatre, je ne sais pas pourquoi Marc Bergevin semble avoir tant de problèmes à traiter Max Pacioretty avec le respect auquel il a droit. Je ne connais pas les préjugés qu’il peut entretenir contre son capitaine. Peut-être lui en veut-il pour la transaction de P.K. Subban, je ne sais pas.
Mais je sais que lorsque les lieutenants sont paniqués et qu’il y a danger de s’échouer, le capitaine du vaisseau doit garder le cap.
Et vous savez ce qui représente la Molson Export, la bière de Geoff, pendant cette tourmente ? Un beau et fier voilier. Et vogue la galère du CH…