Une pilule difficile à avaler
Les joueurs du Vert et Or ont été ébranlés du départ de Jason Hogan pour les Carabins
SHERBROOKE | À l’aube de sa deuxième campagne à la barre du Vert & Or de l’université de Sherbrooke, Mathieu Lecompte voit un monde de différences.
« C’est le jour et la nuit, a imagé l’entraîneur-chef. La formule parfaite pour le football, tu ne la trouves pas en achetant le livre de Bill Belichick. La formule parfaite est différente pour chaque équipe en fonction de leur réalité respective. À Sherbrooke, la formule parfaite devient beaucoup plus claire. »
« Une culture d’équipe, ça ne se change pas en un an, de poursuivre l’ancien joueur de ligne défensive qui s’est joint au Vert & Or en 2004 à sa sortie des rangs collégiaux. C’est l’accumulation de bonnes décisions et de stabilité qui amènent les changements souhaités. On ne peut pas tout changer en claquant des doigts. J’ai beaucoup appris sur le métier d’entraîneur-chef l’an dernier. »
Avec 75 pour cent des 80 joueurs qui en sont à la première ou deuxième année, Lecompte est conscient que l’équipe a entrepris un virage important.
« Nous sommes en reconstruction et ça fait mon affaire. Je respecte les joueurs de 4e et 5e année de 2017, mais ils n’avaient pas ma culture. Je ne me voyais pas couper des gars de 5e année quand je suis arrivé. 2018 est l’année 1. Je veux des joueurs à l’image du coach. La réussite scolaire, le développement physique, le respect et la solidarité où tous se battent ensemble. On doit rassembler, et non diviser. »
AFFIRMATION INCENDIAIRE
Lecompte se tient loin des déclarations fracassantes de 2017 où il avait mentionné que le Vert & Or misait sur la meilleure défensive au pays, mais il croit fermement que l’équipe s’en va dans la bonne direction.
« Je ne veux pas mettre de pression sur les jeunes qui se donnent à 100 pour cent. On va y aller un jeu et un match à la fois. Avec des joueurs et des entraîneurs qui ont le goût de se défoncer, on pourrait causer des surprises. »
« Nous sommes à quelques joueurs élite d’avoir une formation dominante au pays dans le futur, de poursuivre Lecompte. Si ces joueurs élite se joignent à nous avec la ligne offensive que nous allons avoir dans deux ans, ça ne sera plus David contre Goliath. Si ce n’est pas le cas, on va demeurer une bonne petite équipe. »
DÉCISION CONTROVERSÉE
S’il dit avoir tourné la page rapidement, Lecompte reconnaît que le départ du coordonnateur offensif Jason Hogan vers les Carabins de l’université de Montréal à titre d’entraîneur des quarts-arrière a ébranlé les joueurs.
« Cela a eu l’effet d’une bombe pour les jeunes, a-t-il résumé. Le lendemain qu’il m’annonce qu’il postulait sur l’emploi, j’étais au bureau à 6 h pour faire ses boîtes. C’était clair qu’il ne coacherait plus jamais pour nous.
Il m’a prévenu la journée avant que Charles-antoine Sinotte (TVA Sports) sorte la nouvelle, sachant que l’informa- tion allait sortir. Je n’ai jamais déposé de plainte de ma vie et ce n’est pas maintenant que je vais commencer, mais il y a eu du maraudage et personne n’en parle. Après l’annonce de Sinotte, j’ai appris que des individus se parlaient depuis avril. On a 14 recrues qui se sont engagées pour 2019 et coach Hogan n’en a convaincu aucune. Je me demandais qu’est-ce qui se passait. »
L’HONNEUR ET LE LÉGAL
S’il convient que la Corporation de football devra revoir la rédaction de ses contrats et que la date butoir du 15 août pose problème, Lecompte estime toutefois que Hogan aurait dû demeurer à Sherbrooke.
« Au-delà du contrat, il y a la loyauté et un code d’honneur à respecter. Il y a aussi le respect des étudiants-athlètes. Il y a quelqu’un qui l’a embauché malgré tout. Si Justin Éthier (le coordonnateur offensif du Rouge et Or de l’université Laval) m’offrait ses services à deux semaines du début du camp d’entraînement, je lui dirais non merci, je ne suis pas intéressé. »