Le Journal de Quebec

SECRET AUTOUR DES COMMOTIONS CÉRÉBRALES

Des fédération­s sportives refusent de dévoiler leurs statistiqu­es

- ÉLISA CLOUTIER

C’était en octobre 2012, alors que les Vikings de l’école secondaire Les Etchemins entamaient le troisième quart. Simon Bussières-Labrecque saute sur le terrain, mais avant même le botté d’envoi, il s’effondre tête première devant ses coéquipier­s.

« Il n’y a plus eu de son ni d’image pendant 10 heures. J’avais les yeux ouverts, mais je ne répondais pas », se souvient l’ancien footballeu­r, qui a encore de la difficulté à aborder ces douloureux souvenirs.

SON SEUL REGRET

Comme plusieurs autres joueurs qui ont subi d’importante­s commotions cérébrales, Simon est encore incapable de se rappeler cette dernière partie ni son transport en ambulance, accompagné de son père rongé par l’inquiétude.

Aujourd’hui âgé de 22 ans et retraité depuis six ans, il n’entretient qu’un seul regret : ne pas avoir écouté ses maux de tête durant le match.

« C’est un monde où on ne fait pas attention à nous autres. C’est go le match, c’est la saison, et tu te reposeras pendant la saison morte. Mais tu peux perdre ta qualité de vie, et c’est à ça que les jeunes ne pensent pas sur le terrain », tonne-t-il.

Dans son cas, c’est l’accumulati­on de plusieurs coups à la tête au football, jumelés à une importante commotion subie à l’âge de cinq ans, qui lui auront coûté sa carrière.

« C’est casque à casque toute la game. Je jouais offensif et défensif cette annéelà, puisque nous n’étions pas assez », se rappelle-t-il.

RETOUR AU JEU « L’ESPRIT BROUILLÉ »

L’ancien joueur du Rouge et Or Philippe Lambert, victime de quatre commotions, dont deux dans d’autres sports, est encore un passionné de football, mais admet lui aussi qu’il ferait les choses différemme­nt.

En 2007, alors qu’il jouait au niveau collégial, il se rappelle être retourné au jeu « l’esprit brouillé », après avoir reçu un important coup à la tête.

TOUS LES SYMPTÔMES

« J’ai vécu tous les symptômes, énumèret-il. Les points noirs, j’ai vu orange, j’ai eu des vomissemen­ts, j’ai aussi eu des acouphènes pendant six mois », se remémore le sportif de 30 ans, qui a poursuivi sa carrière en tant qu’entraîneur.

« Retourner au jeu après un coup comme ça, ça ne se fait plus », insiste-t-il.

Aujourd’hui, le sportif révèle qu’il a, à l’occasion, des troubles de mémoire à court terme.

« Je pense que c’est plus que la normale, en raison de mes antécédent­s », mentionne-t-il.

« JE ME SUIS RÉVEILLÉ À L’HÔPITAL ET JE NE ME RAPPELAIS PLUS RIEN. J’AI UN VAGUE SOUVENIR DU TRAJET EN AUTOBUS VERS LA PARTIE, PUIS DU RÉCHAUFFEM­ENT, MAIS C’EST TOUT. »

Simon Bussières-labrecque

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 ?? PHOTO STEVENS LEBLANC ?? Le rêve de devenir un footballeu­r profession­nel s’est éteint il y a 6 ans pour Simon Bussières-labrecque. « Il ne faut pas trop pousser. Oui, une saison, ce n’est pas long, mais tu peux toujours jouer la saison suivante et l’autre d’après, si tu fais attention à toi. »
PHOTO STEVENS LEBLANC Le rêve de devenir un footballeu­r profession­nel s’est éteint il y a 6 ans pour Simon Bussières-labrecque. « Il ne faut pas trop pousser. Oui, une saison, ce n’est pas long, mais tu peux toujours jouer la saison suivante et l’autre d’après, si tu fais attention à toi. »

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