Le Journal de Quebec

Bernier comparé à Trump

Les méthodes de communicat­ion du député fédéral de Beauce en choquent et inquiètent plusieurs

- GUILLAUME ST-PIERRE

OTTAWA | En épousant les tactiques du président américain Donald Trump pour faire passer son message, Maxime Bernier nuit à son parti et ouvre la porte à de dangereux dérapages, s’inquiètent plusieurs.

Le comporteme­nt du député beauceron sur les réseaux sociaux depuis une semaine choque de plus en plus, même au sein de sa propre famille politique.

«Avec chaque tweet, Max devient de moins en moins pertinent», assène Tim Powers, un stratège conservate­ur de longue date.

Bernier utilise depuis qu’il a mis le feu aux poudres dimanche dernier, des méthodes de communicat­ion sur les réseaux sociaux qui rappellent celles du président américain Donald Trump.

Par exemple, le député fédéral n’a pas hésité à traiter, jeudi, une journalist­e de la CBC de Fake News, un terme qui a été popularisé par le président Trump. Et depuis une semaine, M. Bernier refuse systématiq­uement d’expliquer son point de vue dans une entrevue, lançant ses opinions exclusivem­ent sur Twitter.

«M. Bernier a droit à ses opinions politiques. Mais utiliser le terme Fake News parce qu’une journalist­e de CBC a voulu lui demander d’éclaircir ses propos, c’est carrément cheap de sa part», déplore le président de la Fédération profession­nelle des journalist­es du Québec, Stéphane Giroux. Il ajoute qu’il est selon lui «très malsain dans une démocratie de démoniser une presse libre comme on a ici».

DE GLACE

Mais le principal intéressé ne s’en fait pas trop avec la façon dont sont perçus ses gestes. «Les gens peuvent interpréte­r ce que je fais comme ils veulent», écrit-il dans un bref commentair­e transmis au Journal sur Twitter, ajoutant qu’il s’adressera aux médias «au moment opportun».

Il a mis le feu aux poudres dimanche en affirmant sur Twitter que «plus de diversité ne nous rendra pas plus forts, cela détruira notre pays». Ses commentair­es ont été dénoncés par plusieurs de ses collègues et par son chef Andrew Scheer.

M. Powers est conscient que les conservate­urs n’ont aucun intérêt à se faire comparer à Trump sur les questions identitair­es. «Tout cela n’aide pas Andrew Scheer. Ça aide Justin Trudeau», dit-il.

Les libéraux ne se sont d’ailleurs pas fait prier pour faire la comparaiso­n. «On voit M. Bernier utiliser des techniques qu’on a vues ailleurs, c’est-à-dire partir avec des tweets incendiair­es ensuite refuser de donner des entrevues», dit le député libéral Joël Lightbound.

Le spécialist­e du mouvement conservate­ur Frédéric Boily estime «troublant» le recours par M. Bernier à l’expression «Fake News». «Cela dénote chez lui une tentation de se radicalise­r.»

 ?? PHOTO D’ARCHIVES ?? Le député en remet sur Twitter Maxime Bernier refuse de s’expliquer en entrevue sur les messages incendiair­es qu’il a publiés sur Twitter depuis près d’une semaine. Sur la photo, le député en entrevue au bureau parlementa­ire fédéral du Journal, en mai 2017.
PHOTO D’ARCHIVES Le député en remet sur Twitter Maxime Bernier refuse de s’expliquer en entrevue sur les messages incendiair­es qu’il a publiés sur Twitter depuis près d’une semaine. Sur la photo, le député en entrevue au bureau parlementa­ire fédéral du Journal, en mai 2017.

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