La Turquie continue de défier Washington
ANKARA | (AFP) La Turquie a maintenu hier l’assignation à résidence d’un pasteur américain, en dépit de nouvelles menaces de sanctions des États-unis, qui ont mis à mal la livre turque et auxquelles Ankara a promis de répliquer.
Un tribunal d’izmir (ouest) a rejeté vendredi un nouveau recours du pasteur Andrew Brunson, dont le sort est au coeur de l’une des plus graves crises diplomatiques entre Ankara et Washington, deux alliés au sein de L’OTAN, depuis près d’un demi-siècle.
Cette décision survient au lendemain de nouvelles pressions américaines: le secrétaire au Trésor Steven Mnuchin a prévenu jeudi que Washington prendrait des sanctions supplémentaires si Ankara ne libérait pas le pasteur Brunson.
NOUVELLES MENACES
Ces menaces ont été balayées par Ankara hier. « Nous avons répliqué [aux sanctions américaines] en accord avec les règles de L’OMC et nous continuerons de le faire », a déclaré la ministre turque du Commerce, Ruhsar Pekcan, citée par l’agence étatique Anadolu.
Gel des avoirs de ministres de part et d’autre, augmentation réciproque des tarifs douaniers sur certains produits... : les sanctions déjà prononcées par Washington et les mesures similaires prises par Ankara ont créé un vent de panique sur les marchés
Et alors que la crise diplomatique ne montre aucun signe d’apaisement, la livre turque, qui a pourtant repris des couleurs cette semaine après une spectaculaire débâcle, piquait à nouveau du nez hier.
En fin de journée, la devise turque avait perdu près de 4 % face au dollar, comparé à jeudi soir, repassant au-dessus de la barre des 6 livres pour un billet vert.
RAPPROCHEMENT
Dans la tourmente financière, la Turquie a néanmoins reçu un soutien de poids mercredi: le Qatar a promis d’investir 15 milliards de dollars dans le pays.
Et le président Recep Tayyip Erdogan s’est entretenu cette semaine avec la chancelière allemande, Angela Merkel, et le président français, Emmanuel Macron, signe qu’ankara veut se rapprocher de l’europe après deux années de tensions.
Outre les tensions avec les États-unis, les économistes restent également préoccupés par la mainmise de M. Erdogan sur l’économie.
Les marchés ont sévèrement sanctionné le refus de la banque centrale de relever ses taux d’intérêt le mois dernier, en dépit de la chute de la monnaie nationale et d’une inflation galopante. M. Erdogan, partisan de la croissance à tout prix, s’y oppose fermement.