Le Journal de Quebec

Juge le compare à un « marchand de la mort »

Un avocat accusé de trafic de fentanyl restera détenu jusqu’à son procès

- MICHAËL NGUYEN

Un avocat montréalai­s accusé de trafic de fentanyl a été comparé à un « marchand de la mort » par le juge qui a catégoriqu­ement refusé de le remettre en liberté en attendant son procès.

« Les trafiquant­s de fentanyl sont des marchands de la mort à petite dose, et à petit prix. La confiance [de la société] serait définitive­ment minée si la détention n’était pas ordonnée », a lancé le juge Robert Marchi en renvoyant Samir Ouati en détention, où il se trouve depuis le mois dernier.

Ouati, un avocat de 39 ans spécialisé en droit de l’immigratio­n, est accusé d’avoir fait du trafic de fentanyl, une drogue de synthèse 100 fois plus puissante que la morphine, qui a fait son apparition à Montréal il y a quelques années.

L’an dernier, six personnes sont mortes de surdose, car des trafiquant­s coupent d’autres drogues avec cet opiacé peu coûteux afin de décupler leur profit.

« Il y a des rapports accablants sur la situation au Canada. On est au plus fort de la crise du fentanyl. Ça va en s’empirant d’année en année », a expliqué le procureur de la Couronne François Allard, lorsqu’il a plaidé pour la détention de Ouati, au début du mois.

AVOCAT VOLUBILE

Selon les informatio­ns présentées à la cour, l’enquête policière a débuté fin 2017, avec des informatio­ns voulant que Ouati soit un trafiquant de fentanyl et que deux surdoses aient eu lieu chez lui, dans l’arrondisse­ment de Verdun.

Au cours des mois qui ont suivi, les policiers auraient ainsi pu acheter du fentanyl auprès de Ouati à trois reprises.

Lors de la transactio­n du 4 juillet dernier, Ouati aurait dit à ces agents doubles que son fournisseu­r allait bientôt arriver, en donnant le nom de celui-ci, le quartier où il habite, et même la couleur et la marque de la voiture qu’il conduit.

« M. Ouati ajoute être avocat en immigratio­n, il dit être consommate­ur de fentanyl et suggère aux acheteurs de faire attention de ne pas faire de surdose », a expliqué Me Allard.

ACCROC

Le lendemain de la transactio­n, Ouati aurait toutefois rappelé les agents doubles pour racheter la drogue, puisqu’il n’en avait plus pour lui-même.

Il aurait plus tard expliqué qu’il dépensait 1000 $ par semaine en fentanyl, qu’il prend depuis trois ans, après s’en être fait offrir par « un gars dans la rue ».

Ouati s’est dit prêt à commencer une thérapie, même s’il ne s’est jamais renseigné sur le sujet avant son arrestatio­n.

« M. Ouati consomme du fentanyl, je le plains et je compatis avec lui, mais personne ne l’a forcé à en prendre », a conclu le juge.

Samir Ouati reviendra en cour à la fin du mois pour la suite des procédures.

 ?? PHOTOS D’ARCHIVES ?? Selon les autorités, l’avocat Samir Ouati (en mortaise) trafiquait du fentanyl à son domicile situé sur la rue Wellington, à Montréal. Un juge a récemment ordonné son maintien en détention, jusqu’à la fin des procédures judiciaire­s contre lui.
PHOTOS D’ARCHIVES Selon les autorités, l’avocat Samir Ouati (en mortaise) trafiquait du fentanyl à son domicile situé sur la rue Wellington, à Montréal. Un juge a récemment ordonné son maintien en détention, jusqu’à la fin des procédures judiciaire­s contre lui.
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