Des milliers de Volkswagen TDI en mode veille
Rappelons les faits : le 18 septembre 2015, l’agence américaine de l’environnement (EPA) accuse Volkswagen d’avoir truqué volontairement, à l’aide d’un logiciel, la lecture informatique des émissions d’oxyde d’azote (NOX). Quelques jours plus tard, le géant allemand admet ses torts, mentionnant qu’au moins 11 millions de véhicules à travers le monde ont été trafiqués.
Presque quatre ans plus tard, l’impact de ce scandale demeure majeur. En effet, outre les 27 milliards de dollars d’amende jusqu’ici versés par Volkswagen (et ce n’est pas terminé), plusieurs constructeurs eux aussi dans l’eau chaude ont choisi d’abandonner la vente de moteurs diesel, ou de la reporter. Pensez à Mercedes-benz, qui a complètement éliminé l’offre des ses moteurs BLUETEC, ainsi qu’à Mazda, qui nous promet son moteur SKYACTIV-D depuis des lunes, sans jamais le commercialiser.
Le tout s’explique bien sûr par la difficulté des constructeurs à rendre conformes leurs moteurs diesel sur le plan environnemental, mais aussi à les rendre financièrement viables. À quoi bon offrir un diesel à gros prix, si ce dernier ne consomme guère moins qu’un moteur à essence, qu’il ne performe pas mieux et qu’il exige des coûts d’entretien plus élevés pour le consommateur ?
40 FOIS AU-DESSUS DES NORMES
Évidemment, le « Dieselgate » a de fortes conséquences environnementales. En effet, les émissions de substances toxiques dépassaient de 40 fois les normes établies, accroissant ainsi les risques de maladies respiratoires et cardiovasculaires. Volkswagen a donc été forcée de rappeler tous les véhicules affectés par le problème, donnant ainsi lieu à une gargantuesque opération de gestion et de négociations financières.
Au Canada, un peu plus de 104 000 véhicules équipés du moteur 2,0 litres TDI ont été touchés. Et cela exclut bien sûr les modèles équipés du V6 de 3,0 litres TDI, aussi affectés par un rappel distinct. À ce jour, plus de 90 % des 104 000 véhicules à moteur 2,0 litres ont fait l’objet d’un règlement. Premièrement, chaque client a eu droit à un dédommagement automatique de 1000 $. Ensuite, le consommateur avait le choix de faire réparer ou de revendre son véhicule à Volkswagen Canada, à la valeur des livres au 15 septembre 2015. À cela s’ajoutait de surcroît un dédommagement variant approximativement de 5000 $ à 9000 $, basé sur l’âge et le kilométrage.
Ceux qui ont choisi de conserver leur véhicule ont donc eu droit à une belle somme d’argent et circulent aujourd’hui au volant d’une voiture conforme aux normes environnementales. Plusieurs consommateurs affirment d’ailleurs que les impacts de ces modifications n’affectent que peu les performances de leur voiture. En règle générale, on mentionne une puissance et un couple essentiellement identiques, pour une consommation qui serait de 5 à 10 % supérieure. De son côté, Volkswagen affirme que l’impact sur la consommation serait de 4 %, alors que les performances seraient diminuées de 3 %.
On retrouve au pays plusieurs dizaines de parcs comme celui de Mirabel, situé aux abords de l’ancien aéroport
STATIONNÉES, MAIS TOUJOURS POLLUANTES
Une majorité de consommateurs ont cependant choisi de revendre leur voiture à Volkswagen, parfois pour passer à un modèle Golf/jetta/passat à essence, mais souvent pour aller chez un constructeur rival. Imaginez alors la quantité de voitures TDI ramenées chez les concessionnaires, condamnées, laissées à l’abandon, et qui pourrissent aujourd’hui dans des parcs spécialement prévus à cet effet. Une autre forme de pollution, extrêmement sévère, doublée par l’ajout de plusieurs dizaines de milliers de nouveaux véhicules sur nos routes, et uniquement au Canada.
N’étant pas un expert environnemental, il m’est aujourd’hui difficile de mesurer l’impact de ce geste, en comparaison avec le fait de laisser rouler des modèles TDI certes polluants, mais déjà construits. Or, en apercevant dans la région de Mirabel un de ces parcs où sont garés des milliers de Volkswagen TDI, l’idée de creuser l’affaire a immédiatement fait surface. Qu’adviendra-t-il de ces voitures ? À qui appartiennent-elles ? Peut-on les racheter ? Seront-elles réparées ? À toutes ces questions, Volkswagen a heureusement une réponse.
D’abord, on retrouve au pays plusieurs dizaines de parcs comme celui de Mirabel, situé aux abords de l’ancien aéroport. Dans chaque stationnement, des centaines, parfois des milliers de Golf, Beetle, Jetta et Passat, toutes millésimées entre 2009 et 2015. Ces voitures rachetées initialement par les concessionnaires appartiennent aujourd’hui à Volkswagen Canada, qui souhaite taire la rumeur voulant qu’elles soient vendues sur d’autres continents, où les règles environnementales ne sont pas aussi sévères.
Les voitures dorment pourtant dans ces stationnements depuis plusieurs mois, parfois même depuis quelques années, ce qui n’a évidemment rien de positif pour leur condition. Cela dit, Volkswagen Canada est actuellement à évaluer la valeur de chacune de ces voitures ainsi que le coût de réparation nécessaire à leur remise en circulation. Comprenez que le constructeur ne remettra pas sur la route une Golf TDI 2009 de 300 000 km, s’il faut pour ce faire investir quelques milliers de dollars. En revanche, on le fera s’il s’agit d’une Passat TDI 2015 de 20 000 km, qui pourrait toujours se vendre au détail à plus de 20 000 $.
CHEZ LE CONCESSIONNAIRE, OU À LA CASSE ?
Après analyse, on tracera donc une ligne pour déterminer quelles seront les voitures qui bénéficieront d’une réparation. Une fois conformes, elles seront toutes envoyées aux enchères où les concessionnaires et vendeurs de véhicules d’occasion pourront les racheter pour les revendre au public. Autrement, les voitures dont les valeurs marchandes seront trop faibles prendront le chemin de la ferraille où elles seront dûment recyclées.
Bien sûr, plus Volkswagen met du temps à réparer ces voitures, plus leur valeur baisse. Il leur faut donc agir rapidement afin qu’un maximum de véhicules puisse être remis en circulation, ce qui sur le plan environnemental demeure la meilleure solution.
En terminant, Volkswagen Canada tient à rappeler au public qu’il ne reste encore que quelques jours pour obtenir un règlement financier relatif à une Volkswagen à moteur 2,0 litres TDI. En effet, le 1er septembre 2018 sera la date d’échéance du règlement sur le « Dieselgate », ce qui signifie que tout propriétaire d’un modèle 2,0 litres TDI circulant toujours avec un véhicule n’ayant pas subi de réparation ne pourra se voir offrir de compensations financières, passé cette date.
Actuellement, un peu plus de 10 000 véhicules manquent toujours à l’appel, sur les 104 000 initialement vendus.