Le Journal de Quebec

Ruiné par ses problèmes de jeu

- Emmanuelle Gril Collaborat­ion spéciale

À 64 ans, Jean se retrouve dans une situation financière difficile : aux prises avec des problèmes de jeu pendant des années, il s’est fortement endetté. Aujourd’hui, il est pris à la gorge et doit trouver une solution.

Même s’il a réussi à se libérer de sa dépendance au jeu grâce à une thérapie, Jean a tout de même contracté de lourdes dettes lorsqu’il était encore un joueur compulsif. D’abord sur ses cartes de crédit, mais aussi sur la marge hypothécai­re reliée à son condo. Résultat : en plus des 33 000 $ accumulés sur ses cartes, et il doit également 124 000 $ sur son appartemen­t pourtant acheté 42 000 $ dans les années 1990.

DANS L’IMPASSE

Le paiement mensuel minimum sur ses cartes de crédit atteint 1600 $, alors que ses revenus ne sont que de 2669 $ par mois. Ce montant inclut sa pension de retraite de la Régie des rentes (558 $), ainsi que des revenus d’emploi de 2111 $. Jean travaille en effet dans un entrepôt en plus de toucher une partie de ses rentes. Cet emploi est toutefois très exigeant physiqueme­nt, et il devra bientôt l’abandonner pour des raisons de santé.

Pour se tirer d’affaire, Jean a tenté de vendre son condo, évalué maintenant à 125 000 $. Mais le prix qu’il aurait pu en obtenir n’aurait pas suffi à liquider toutes ses dettes, et il a donc renoncé à l’idée de s’en départir.

« Il a aussi essayé d’obtenir un prêt de son institutio­n financière pour consolider ses dettes, mais sans succès, compte tenu de son âge et de son taux d’endettemen­t », ajoute Rachel Bouchard, syndique autorisée en insolvabil­ité chez Raymond Chabot.

ATTENTION À LA RECHUTE

Aux abois, Jean est extrêmemen­t stressé par la situation et il se sent à nouveau attiré irrésistib­lement par le démon du jeu dont il pensait pourtant être libéré. En effet, l’idée lui trotte dans la tête que s’il gagnait un gros montant, il pourrait en finir d’un seul coup avec ses difficulté­s financière­s.

Effrayé à l’idée de retomber dans ses mauvaises habitudes, il a consulté un syndic autorisé en insolvabil­ité. « Jean voulait conserver son condo et son auto. De plus, après avoir évalué son budget, nous avons conclu que le montant maximum qu’il pouvait consacrer au remboursem­ent de ses dettes est de 250 $ par mois », explique Rachel Bouchard.

FAILLITE OU PROPOSITIO­N ?

Dans son cas, Jean aurait pu faire faillite en versant un montant mensuel de 230 $ pendant 21 mois, pour un total de 4830 $. Son automobile aurait toutefois dû être vendue par le syndic afin de rembourser les créanciers.

Il a toutefois préféré opter pour la propositio­n de consommate­ur. Dans ce cas, il versera 250 $ par mois pendant 60 mois, pour un total de 15 000 $, et pourra aussi garder sa voiture. « Jean devra vivre avec un budget très serré qui ne lui laisse pas beaucoup de marge de manoeuvre pendant cinq ans. Mon rôle consiste à lui faire réaliser qu’il faut se montrer prudent avec les dépenses et surtout faire très attention de ne pas retomber dans ses problèmes de jeu », mentionne Rachel Bouchard.

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