Les cheerleaders ne sont pas épargnées
Avec des figures et des sauts de plus en plus spectaculaires, les cheerleaders n’échappent pas au fléau des commotions cérébrales, alors que le nombre d’incidents dans cette discipline est en augmentation, selon ce que rapportent les experts consultés par Le Journal.
« Nous en voyons beaucoup et ce sont de grosses blessures », affirme le thérapeute sportif Philippe Fait.
ENCORE PEU SIGNALÉES
De toutes les fédérations sportives sollicitées dans le cadre de ce reportage, la Fédération de cheerleading du Québec a été la seule à fournir des statistiques quant au nombre de commotions subies par ses membres.
Le phénomène commence à peine à être signalé dans cette discipline, puisque la Fédération regroupant 6000 jeunes ne répertorie que 90 blessures, au cours des deux dernières années, dont cinq étaient des commotions.
Il y a fort à parier que plusieurs incidents ne sont donc pas signalés, estiment les observateurs interviewés par Le Journal.
La situation est jugée préoccupante, puisque les femmes – qui représentent la majorité des adeptes du cheerleading – récupèrent moins rapide- ment d’une commotion que les hommes, souligne la neuropsychologue Geneviève Boulard.
« Les femmes ont un cou plus frêle, moins fort et moins musclé que les hommes, donc l’impact est souvent plus important. Il y a aussi l’aspect hormonal qui entre en jeu dans la récupération », explique-t-elle.
UN AN À S’EN REMETTRE
L’ex- cheerleader Florence Belzile a mis un an à se remettre d’une commotion cérébrale.
En raison des problèmes de concentration qui en ont résulté, la femme de 22 ans a mis trois ans à terminer des études collégiales qu’elle devait boucler en deux ans.
En février 2015, en plein entraînement, l’ex-voltige des Cobras de Québec a vu une de ses coéquipières lui tomber sur la tête. « À partir de là, je ne sais plus ce qui est arrivé », relate celle qui se rappelle à peine les détails de l’accident.
« J’ai perdu connaissance. Je ne répondais plus. J’étais étourdie, je voyais des points noirs et j’avais les pupilles dilatées », relate-t-elle.
Aujourd’hui, elle a encore des symptômes de cette commotion. « Je sens que j’ai une fragilité. J’ai des problèmes de vision, je ne suis plus capable de conduire la nuit et ça ne reviendra jamais. J’aurai peutêtre d’autres répercussions plus tard », s’inquiète-t-elle.