Finale grivoise
Pour son premier gala en carrière, l’humoriste nous a présenté des monologues songés et grivois sans flafla
« Être à la bonne franquette, ce n’est pas une excuse pour faire ça tout croche ». Effectivement, Fabien Cloutier a présenté un premier gala en carrière très sobre, mais avec des monologues songés et grivois qui ont fait tout le travail. Par chance, parce que le reste était plutôt décevant.
Fabien Cloutier concluait la série de galas de la 19e édition du Comediha! Fest-québec, hier, au Palais Montcalm.
L’humoriste a d’ailleurs un attachement particulier envers Québec, puisque c’est ici que le Beauceron a fait ses études au Conservatoire d’art dramatique, en jouant de grandes tragédies grecques. « Tu tues ton frère, tu bats ta mère, comme à Vanier », a-t-il raconté d’entrée de jeu.
Aucun sujet n’a été tabou dans ses mono- logues. Dans un intelligent plaidoyer sur la différence, intitulé Martin et Mawambo, Fabien Cloutier a d’abord dit être pour le salaire minimum à 15 $ de l’heure. « Ça va peut-être faire bouger une couple de lâches. Même si t’es capable d’ouvrir ta canette avec la “pinouche” de ton mamelon, ça ne fait pas de toi quelqu’un de vaillant », a-t-il imagé.
Les meilleurs employés sont les déficients, a-t-il ensuite défendu. Comme Martin, un trisomique qui est heureux à vendre du pain, et Mawambo, un immigré qui a déjà marché huit heures et demie pour une gorgée d’eau.
LE TRASH DES ANNÉES 1960
Mcgilles, collectionneur de vinyles, nous a démontré à quel point l’humour était épouvantablement trash dans les années 1960 et 1970. Il nous a montré les grossières — et réelles — pochettes de l’époque, comme Albert, viens vite, La grosse noune, Les plai- sirs d’amour de Ti-noune Valin ou bien Chinoiseries : ici, on rit jaune.
« Chérie, si tu te demandes ce qu’il y a dans ma bedaine, la champlure est en bas », disait Nono Deslauriers en 1967. Pourrait-on faire les mêmes blagues aujourd’hui? Poser la question, c’est y répondre, mais cela dit, le numéro était très bien pensé.
En 2e partie, Cloutier a rendu le public hilare quand il s’est lancé sur le racisme « de certaines races de monde », comme les entrepreneurs en construction, les professeurs de maternelle et les papas hippies.
FAIBLE ET INÉGAL
Outre les excellents monologues de Cloutier, le gala était cruellement faible et inégal. Plusieurs prestations n’ont pas fait mouche. Dommage de conclure ainsi, après cinq autres galas réussis.
Franky a ouvert la soirée avec son style « une ligne, un punch », et une parodie de Fred Pellerin. Encore inconnu du grand public, Jerry Tremblay est un acrobate humoriste qui sans dire un seul mot de tout son numéro, nous a fait sourire avec son mélange d’acrobaties à vélo et ses mimiques.
Après un départ plus laborieux, Cathleen Rouleau est parvenue à décrocher quelques éclats avec sa visite chez le gastroentérologue, pour une fissure anale.
L’expérience de course automobile qu’a vécue Mario Tessier avec un conducteur aveugle n’a pas fait décrocher la foule. Même le populaire humoriste français Elie Semoun a laissé le public de glace.
Maude Landry a mieux réussi avec un numéro qui soulevait l’ironie du nom de la boutique Manteaux Manteaux, tout comme Daniel Grenier, qui a conquis le public avec les trouvailles absurdes de sa valise.
Une chance que Rachid Badouri était là également, avec son hilarant numéro sur l’irrigation de son côlon, pour nous donner quelques crampes