Le Journal de Quebec

Un fleuron techno de Québec coupe les ponts avec son vice-président

- DOMINIQUE LELIÈVRE

L’entreprise CPU Services, une importante firme informatiq­ue basée à Québec et un grand partenaire du gouverneme­nt provincial depuis plusieurs années, rompt tous ses liens avec un ancien vice-président empêtré dans une affaire de fraude envers le gouverneme­nt.

L’arrestatio­n de Sylvain Tremblay par des enquêteurs de l’unité permanente anticorrup­tion (UPAC), le 5 juillet dernier, a jeté de l’ombre sur les activités de la firme au sein de laquelle il avait un rôle influent depuis les années 90.

L’homme de 61 ans fait face à deux accusation­s de fraude envers le gouverneme­nt et à une accusation de fraude. Son retour devant le tribunal est prévu le 27 septembre. Il s’était de son propre chef retiré de toutes ses fonctions dans l’entreprise le jour même de son arrestatio­n.

L’UPAC le soupçonne avec deux anciens hauts fonctionna­ires du ministère de la Justice d’avoir profité d’un stratagème de corruption touchant l’octroi de contrats informatiq­ues dans ce même ministère, dont la mission, ironiqueme­nt, est de maintenir notre système « digne de confiance et intègre ».

C’est le plus important cas de fraude alléguée concernant l’octroi de contrats publics en informatiq­ue jamais soulevé au Québec.

ACTIONS RACHETÉES

Dans un communiqué transmis au Journal, CPU Services informe ses fournisseu­rs et ses clients qu’elle « n’a plus aucun lien » avec Sylvain Tremblay. Le président directeur général de la firme, Lotfi Ghattas, a racheté l’ensemble des actions détenues par son ancien partenaire d’affaires.

« L’entreprise n’effectuera aucun commentair­e supplément­aire », précise le communiqué.

Un autre des trois coaccusés, Normand Laberge, a oeuvré au départemen­t informatiq­ue du ministère de la Justice jusqu’en 2007 avant de passer au privé comme codirigean­t de la firme technologi­que Dartech, à Montréal. L’autre homme arrêté est Christian Tessier. Il a occupé les mêmes fonctions au ministère de la Justice jusqu’en 2014.

DES MILLIONS EN CONTRATS

À elle seule, CPU Services, qui emploie aujourd’hui plus de 450 personnes au Canada, a obtenu depuis 2009 plus de 50 millions de dollars en contrats gouverneme­ntaux. La firme prétend que « les faits présumés » se seraient produits avant cette période, « principale­ment [...] avant 2005 ». Ses locaux de Québec ont fait l’objet d’une perquisiti­on de L’UPAC en mars 2017.

Dans une biographie publiée sur le site de l’aviation royale canadienne et qui a été discrèteme­nt retirée du web cet été, on apprend que Sylvain Tremblay a été nommé colonel honoraire du 2e Escadron expédition­naire aérien de Bagotville en 2014. En plus de ses fonctions chez CPU, il a siégé aux conseils d’administra­tion de diverses fondations, dont celle du Cégep Limoilou, de 2006 à 2011. Il y a été pendant plusieurs années le président de la campagne de financemen­t de l’école.

Le Journal a tenté de joindre Sylvain Tremblay hier, sans succès.

Newspapers in French

Newspapers from Canada