Le prix des surplus
Jouez hautbois, résonnez musette ! Pour la première fois avant des élections, la Vérificatrice générale a validé l’état des finances publiques présenté par le gouvernement, sur lequel tous les partis pourront s’entendre. C’est une bonne nouvelle pour tout le monde.
Ce dernier vient confirmer la situation budgétaire optimiste que pavoiseront – à juste titre – les libéraux pendant la campagne. De même, les partis d’opposition pourront bâtir un cadre financier s’appuyant sur de juteux surplus de 2,3 milliards de dollars.
FAIRE SOUFFRIR LES USAGERS
Là où ces chiffres laissent un goût amer, c’est quand on pense au prix qu’il a fallu payer pour les obtenir, ces jolis surplus. La rigueur budgétaire du début de mandat a fait mal. On a limité la hausse des dépenses des services publics en deçà de l’augmentation naturelle des coûts de système, la fameuse austérité dont la véracité lexicale est encore contestée par le gouvernement.
Ce qui fait en sorte que même après que le gouvernement se fut remis à investir, personne au Québec ne peut affirmer sérieusement que les services publics se sont améliorés pendant toute cette période. Ajoutons que quand on regarde sur l’ensemble du mandat la hausse des dépenses de programme, on constate que la courbe n’a pas significativement changé par rapport aux exercices précédents. Bref, on a momentanément fait souffrir les usagers sans toucher à la bureaucratie.
SURPLUS SOUS-ESTIMÉS
Il faut lire la chronique de mon collègue Michel Girard, que vous trouverez dans la section Argent de votre Journal, pour comprendre à quel point le ministre des Finances Carlos Leitao a systématiquement sous-estimé l’importance de son surplus budgétaire. Dès la deuxième année du mandat libéral, le Québec n’était déjà plus dans le rouge, mais on faisait encore des compressions.
Alors qu’ils s’apprêtent à voter, les Québécois ne doivent pas oublier le prix qu’ils ont payé pour les surplus qu’on promettra de leur redonner.