Le Journal de Quebec

DEMANDES DE RECOURS COLLECTIF CONTRE GOOGLE ET FACEBOOK

Des Québécois inquiets pour leur vie privée

- MICHAËL NGUYEN

Exaspérés d’être traqués à leur insu par les géants du web, des Montréalai­s intentent des actions collective­s distinctes contre Google et Facebook, qu’ils accusent de collecte illégale de données.

« Les données de localisati­on étaient recueillie­s même quand les utilisateu­rs fermaient la fonction de collecte », s’insurge Sergio Lima dans une poursuite déposée il y a quelques jours au palais de justice de Montréal.

Le mois passé, c’était un autre Montréalai­s, Panagiotis Leventakis, qui intentait une action collective contre Facebook, qui aurait utilisé une faille dans les téléphones fonctionna­nt sous Android afin de collecter des données (voir autre texte).

Lima, un directeur d’une entreprise en technologi­e de l’informatio­n, explique dans le document de cour posséder un téléphone Samsung Galaxy S7, avec le système d’exploitati­on Android, qui a été créé par Google.

Or, il a appris l’an passé, à travers des reportages dans les médias, qu’il donnait sans le savoir sa géolocalis­ation à l’entreprise américaine.

« DÉLIBÉRÉ »

Selon la poursuite, Google utiliserai­t un système de triangulat­ion à partir de tous les cellulaire­s, afin de pouvoir suivre à la trace ses usagers. Et ce, même si les propriétai­res de téléphone désactivai­ent la fonction de localisati­on.

« Cette opération de collecte de données était planifiée et délibérée, elle a été faite en sachant que les utilisateu­rs ignoraient et ne consentaie­nt pas à cette collecte », peut-on lire dans le document de cour.

Quand l’affaire avait éclaté l’an passé, Google avait confirmé la véracité de l’informatio­n. Mais dans une lettre adressée au Sénat américain, le géant avait nié toute inconduite.

Ce n’est toutefois pas l’avis du cabinet d’avocat qui pilote l’action collective québécoise contre Google. Dans la poursuite, il est allégué que l’entreprise américaine a brisé la Loi sur la protection des renseignem­ents personnels dans le secteur privé, celle sur la protection des consommate­urs, le Code civil du Québec et la Charte québécoise des droits et libertés de la personne.

Aux yeux des avocats de M. Lima, Google s’est ainsi enrichi en pouvant faire des publicités ciblées, en vendant les données ou les profils d’utilisateu­rs, ou encore en permettant de traquer ceux qui ne voulaient pas l’être.

AVANTAGE COMPÉTITIF

« Cela donnait un avantage compétitif à Google, qui partage à l’occasion ces informatio­ns avec des branches du gouverneme­nt, dont des agences du renseignem­ent américain », peut-on lire dans le document de cour.

Les avocats de M. Lima affirment que ces pratiques peuvent mettre en danger ceux qui veulent garder leurs déplacemen­ts secrets, dont des victimes d’actes criminels, des journalist­es qui doivent rencontrer des sources confidenti­elles, et même des agents doubles.

 ??  ??
 ?? PHOTO MICHAËL NGUYEN ?? Le Montréalai­s Sergio Lima est au coeur d’une demande d’action collective contre Google, qu’il accuse d’avoir illégaleme­nt traqué des données de localisati­on.
PHOTO MICHAËL NGUYEN Le Montréalai­s Sergio Lima est au coeur d’une demande d’action collective contre Google, qu’il accuse d’avoir illégaleme­nt traqué des données de localisati­on.
 ??  ??
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada