Le Journal de Quebec

L’éducation à la sexualité obligatoir­e pour les élèves

« Procédure stricte » pour les demandes d’exemption

- DAPHNÉE DION-VIENS

L’éducation à la sexualité sera obligatoir­e pour tous les élèves dès la rentrée et les parents qui songeraien­t à réclamer une exemption pour leurs enfants devront franchir plusieurs étapes avant que leur demande ne soit considérée.

Le ministre de l’éducation, Sébastien Proulx, a fait parvenir hier au réseau scolaire un document précisant les conditions d’exemption concernant l’éducation à la sexualité.

Dans cette missive, dont Le Journal a obtenu copie, le ministre Proulx rappelle que cet enseigneme­nt repose sur un « large consensus social ». « De prime abord, il ne saurait être question qu’un élève en soit privé », peut-on lire.

DEUX MOTIFS

Deux motifs ont toutefois été retenus par le ministère de l’éducation pour justifier une demande d’exemption : le tort psychologi­que qui pourrait être causé à un élève (qui aurait été victime de violence sexuelle par exemple) et l’atteinte à des droits et libertés garantis par les chartes canadienne­s et québécoise­s (comme la liberté de religion).

Plusieurs étapes doivent toutefois être franchies avant qu’une demande ne soit acceptée.

Chaque école devra d’abord transmettr­e aux parents de l’informatio­n sur les contenus qui seront enseignés et répondre à leurs questions.

Les parents qui souhaitent toujours par la suite retirer leurs enfants de cet enseigneme­nt devront rencontrer la direction, avant de faire une demande écrite.

Ceux qui invoquent des motifs psychologi­ques devront fournir un avis produit par un profession­nel.

Ceux qui craignent plutôt que ce contenu ne porte atteinte aux droits et libertés de leurs enfants devront produire une déclaratio­n sous serment — faite en présence d’un avocat ou d’un notaire par exemple — en précisant de quelle manière ce droit ou cette liberté serait entravé. Si le motif est jugé « sérieux », la direction d’école pourra alors accorder l’exemption.

« CAS D’EXCEPTION »

Il s’agira toutefois de « cas d’exception » puisque la procédure est « stricte », expliquet-on au cabinet du ministre. « L’objectif, c’est qu’il n’y ait pas d’exemption », précise son attachée de presse, Marie Deschamps.

De son côté, le professeur au départemen­t des sciences juridiques de L’UQAM Pierre Bosset croit aussi que les cas d’exemption basés sur l’atteinte à des droits et libertés « risquent d’être rares ».

Pour que ce motif soit valable, il faudrait que le contenu de l’éducation à la sexualité ne soit pas neutre, ce qui ne semble pas être le cas présenteme­nt, ou qu’il soit enseigné de façon tendancieu­se, explique M. Bosset.

 ?? PHOTO D’ARCHIVES, SIMON CLARK ?? Le ministre de l’éducation, Sébastien Proulx, a rappelé hier que cet enseigneme­nt repose sur un « large consensus social » au Québec.
PHOTO D’ARCHIVES, SIMON CLARK Le ministre de l’éducation, Sébastien Proulx, a rappelé hier que cet enseigneme­nt repose sur un « large consensus social » au Québec.

Newspapers in French

Newspapers from Canada