Karma libéral (2)

Les autobus électoraux vrombissent avant de s’élancer dans quelques heures à l’assaut des routes du Québec, et pourtant, celui du Parti libéral de Philippe Couillard a déjà l’air d’avoir besoin d’une mise au point.

Le premier ministre sortant tente de tourner la page, mais le désastre de l’éviction à la dernière seconde de son fidèle député François Ouimet a laissé des traces au sein de son équipe.

Ses proches minimisent la portée de l’incident, mais quand un chef renie sa parole donnée, les soldats savent qu’ils ne peuvent compter que sur euxmêmes.

« Comment tu peux réussir à te caler autant que ça en partant, c’est terrible » a confié un élu libéral, signalant au passage que le caucus des députés tenu au téléphone la semaine dernière a été tumultueux. « Ça a brassé en maudit ».

Pourtant, depuis, les libéraux ont été des témoins hilares de l’échec de la CAQ qui a échappé la possible candidature vedette de la gestionnaire du CHU de Québec, Gertrude Bourdon.

Et lundi, le Vérificateur général du Québec a confirmé le bon état des finances publiques, l’existence de surplus plus important de près d’un milliard $ par année et des revenus de taxes sous-estimés pour les prochains exercices, tant pour Netflix que pour le cannabis.

Bref, il y a de l’argent dans les coffres de l’état. Qu’il ait été arraché en bonne partie des poches des contribuables et qu’il provienne aussi d’une douloureuse diminution des dépenses en début de mandat ou non, ça devait être une bonne journée pour le gouvernement.

Philippe Couillard devait enfin sourire à la vie… mais non ! C’était sans compter le fameux karma libéral !

TIR AMI

Dans une entrevue au micro de son ex-ministre Nathalie Normandeau, l’ancien premier ministre Jean Charest a tiré dans les jambes de son successeur. Il a « mis le couteau dans la plaie », pour reprendre une expression du chef neurochirurgien, là où ça lui fait mal.

Sciemment, M. Charest a ciblé la faiblesse du discours économique des libéraux et la froideur de Philippe Couillard, précisant que contrairement à lui, il avait noué des amitiés avec les députés de son caucus.

L’effet positif du rapport du VG s’est dissipé aussi vite que se sont séchées les larmes caquistes après la rebuffade de Gertrude Bourdon. La troupe de François Legault se console avec l’ex-bras droit de Régis Labeaume, Jonathan Julien, un des rares à avoir osé lui tenir tête. M. Julien n’est pas un futur ministre de la Santé, mais il constitue une bonne prise pour la CAQ dans Charlesbourg.

AUDACE VISUELLE DU PQ

Pendant que les yeux étaient tournés vers l’affrontement libéral-caquiste, Jean-françois Lisée a surpris avec un autobus digne d’une pochette d’un album de Jimi Hendrix !

Loin dans les intentions de vote selon les sondages, les péquistes ont besoin de faire parler d’eux. En entrevue récemment, Jean-françois Lisée disait avoir voulu « capter l’attention » des Québécois avec une campagne d’autodérision de « blagues péquistes » pour pouvoir ensuite lancer ses messages.

Dans cette veine, on peut comprendre que le slogan soit « sérieusement », mais le véhicule multicolore ne colle pas vraiment à ce thème de campagne...