Pari risqué et audacieux pour le Parti québécois
Des experts en communication analysent les slogans et les publicités de la campagne électorale provinciale
Parmi les slogans et identités visuelles dévoilés par les partis en vue de la campagne électorale, ceux du Parti québécois sont les plus « risqués » et « audacieux », soutiennent des experts en communication politique.
« Le PQ y va all-in . On a beaucoup à perdre et beaucoup à gagner », a expliqué le professeur et chercheur en communication politique, Thierry Giasson, en entrevue à l’agence QMI, hier.
« C’est très risqué, car le slogan “Sérieusement” peut être perverti facilement par un adversaire, par exemple, en ajoutant un point d’interrogation. Mais ça s’inscrit dans la volonté du Parti québécois de mener une campagne audacieuse, hors-norme », a ajouté le professeur à l’université Laval.
Pour Stéphanie Yates, chercheuse en communication et marketing à L’UQAM, le choix de ce slogan est également une stratégie « très risquée », car il est une suite à la campagne « blagues de péquistes », que plusieurs électeurs en vacances n’ont pas connue.
Quant à l’autobus, elle estime que son esthétisme entre en contradiction avec le slogan du parti.
« Une esthétique différente, plus sobre tout en demeurant surprenante, aurait peut-être permis de rendre le tout plus cohérent », a-t-elle indiqué.
RÉUSSI POUR LA CAQ
Les deux experts s’entendent pour dire que le slogan de la CAQ, « Maintenant », est réussi.
« La CAQ a le défi de rassurer les gens qui hésitent à voter pour eux sur le bien-fondé de leur choix, en leur rappelant que maintenant, c’est le bon moment pour le faire », a expliqué M. Giasson.
« Sachant que François Legault se présente comme l’équipe du changement, pour moi, le message est très clair, très efficace », a renchéri Mme Yates.
UN GOÛT AMER ?
Quant au slogan du PLQ, « Pour faciliter la vie des Québécois », les deux chercheurs croient qu’il pourrait se retourner contre le parti.
« Ça peut être efficace pour mettre en valeur certaines promesses qui ont pour objectif d’améliorer la vie des Québécois […], mais en contrepartie, ça fait quatre ans qu’ils sont au pouvoir, alors on peut se demander : “Comment ça se fait qu’on doit encore faciliter la vie des Québécois ?” », a expliqué M. Giasson.
« Sachant que l’austérité est très présente dans la mémoire collective, je pense que ce slogan pourrait laisser un goût amer à plusieurs », a commenté dans la même veine la professeure à L’UQAM.
EFFICACE
En ce qui concerne Québec solidaire, qui a opté pour le slogan « Populaires », les deux experts croient qu’il saura rejoindre sa base.
Le seul hic, c’est que le terme « populaires » fait aussi référence à « ce qui est connu et apprécié par le plus grand nombre », a rappelé Mme Yates.
« Pas certaine que cette deuxième conception du mot serve bien l’image que le parti veut envoyer », a-t-elle fait remarquer.