Un Canadien sur deux veut moins d’immigrants
OTTAWA | Alors qu’un sondage montre qu’un Canadien sur deux croit que le pays doit accueillir moins d’immigrants, les problèmes migratoires et un message défaillant du gouvernement Trudeau expliquent la méfiance de la population, selon des spécialistes.
Pas moins de 49 % des Canadiens estiment que la cible de 310 000 nouveaux arrivants au Canada en 2018 est trop élevée, selon un coup de sonde de la firme Angus Reid publié hier. Il s’agit de la proportion la plus importante depuis 1995 (45 %) et du jamais vu en plus de 40 ans, d’après la firme qui a comparé ses données à des chiffres remontant à 1975.
Pour sa part, la spécialiste en immigration de l’université de Sherbrooke, Michèle Vatz Laaroussi, voit dans ces chiffres les symptômes d’un « imaginaire collectif inquié- tant ». « Les gens ont une peur irrationnelle de ce qu’on a appelé la crise des migrants et voient plusieurs pays fermer leurs frontières. Ça frappe les esprits », a-t-elle relevé.
MAUVAIS MESSAGE
Aux yeux de 31 % des répondants au sondage, le seuil du gouvernement fédéral est le bon, alors que seulement 6 % estiment qu’il est trop bas.
Pour les expertes interrogées par l’agence QMI, le discours du gouvernement fédéral est à blâmer. « Est-ce attribuable au discours d’ouverture tous azimuts de Justin Trudeau ? Le multiculturalisme léger, voire même folklorique, ça peut avoir agacé les citoyens », a souligné la sociologue Micheline Labelle.
La professeure Michèle Vatz Laaroussi estime, elle, que le fédéral met de l’avant une approche trop rationnelle. « Le message ne passe pas, parce qu’on ne répond pas aux peurs des gens. Il reste beaucoup de travail à faire sur les préjugés », a-t-elle constaté.