Washington expulse un ex-gardien de camp nazi
L’homme ne devrait toutefois pas affronter la justice
BERLIN | (AFP) L’allemagne a accepté hier d’accueillir un ancien gardien SS âgé de 95 ans expulsé par les États-unis, invoquant sa responsabilité « morale » au moment où elle est en passe de clore les dernières poursuites contre d’anciens nazis.
Né en Pologne, Jakiw Palij, qui vivait depuis 1949 à New York, avait été assistant SS en 1941 dans le camp de travail forcé de Trawniki dans lequel plus de 6000 Juifs ont été exterminés.
« Avec l’admission de Palij, le gouvernement fédéral envoie un signal clair de la responsabilité morale de l’allemagne », a dit un porte-parole allemand.
DEVANT UN TRIBUNAL ?
Il est toutefois peu probable qu’il doive rendre des comptes à la justice. Il devrait finir ses jours dans une maison de retraite.
« Il n’y a pour le moment aucune information [qui permettrait] d’envoyer Palij devant un tribunal en Allemagne », a précisé le chef du département chargé d’élucider les crimes nazis de Ludwigsbourg Jens Rommel, soulignant que son appartenance aux SS et son apprentissage effectué au camp ne suffisaient pas pour enclencher « une procédure de complicité de meurtre ».
Un tribunal allemand avait déjà ouvert une enquête préliminaire en 2015 à son sujet, clos l’année suivante faute de preuves suffisantes.
MENSONGE
Arrivé hier matin à l’aéroport de Düsseldorf, l’homme a été transporté vers un centre de soins gériatriques près de Münster, selon la presse allemande.
M. Palij avait immigré en 1949 aux ÉtatsUnis et obtenu la nationalité américaine huit ans plus tard, prétendant avoir été un fermier pendant la Seconde Guerre mondiale. Mais en 2003, un juge fédéral la lui a retirée parce qu’il avait menti sur son passé de SS.
Le procureur avait estimé que M. Palij, en tant que gardien, avait empêché les prisonniers de s’échapper et avait « contribué directement à leur massacre ». Des accusations que l’intéressé a réfutées.
Depuis, les États-unis ont essayé à maintes reprises sans succès de l’expulser vers la Pologne, l’ukraine (où sa ville de naissance — à l’époque polonaise — se trouve aujourd’hui) et l’allemagne.
L’ancien garde SS a régulièrement été aux États-unis l’objet de manifestations hostiles, de plus en plus fréquentes ces dernières années, devant son domicile new-yorkais.