Le Journal de Quebec

Elle doit payer pour aller marcher

Une octogénair­e déplore que les employés n’aient pas le temps de faire faire de l’exercice à certains patients

- STÉPHANIE GENDRON

LA POCATIÈRE | Une octogénair­e hospitalis­ée à La Pocatière a décidé de payer son homme à tout faire pour qu’il la fasse marcher dans le corridor de l’hôpital, parce que le personnel hospitalie­r n’aurait pas eu le temps de l’aider à le faire.

Françoise Paquet avait déjà connu deux épisodes où elle avait dû se déplacer en fauteuil roulant par le passé. Elle savait qu’elle devait marcher pour se remettre plus rapidement de L’AVC qui a forcé son hospitalis­ation, le 8 août dernier, jour de ses 80 ans.

Amenée à l’hôpital le mercredi, elle était alitée le vendredi quand elle dit avoir demandé de l’aide pour marcher.

« J’ai demandé à l’équipe du matin si elle allait me faire marcher aujourd’hui. On m’a dit oui, mais on arrive au soir, et je n’ai pas marché. Le lendemain, je redemande la même question et on m’a répondu “5 minutes”. Ça en prend sept simplement pour me sortir de mon lit ! », a dit Françoise Paquet.

« PAS LE TEMPS »

Marcher est une façon pour elle d’éviter de se retrouver dans un fauteuil roulant. « Je vois le personnel courir, ils n’ont pas le temps. Moi, je dois sortir du lit, alors je fais quoi ? », questionne-t-elle.

Durant son hospitalis­ation, les trois fils de cette veuve étaient à l’extérieur de la province.

Elle n’a donc pas hésité à demander à l’homme à tout faire qui s’occupe de sa cour et qui l’aide à faire son grand ménage de venir l’aider à prendre des marches dans le corridor de l’hôpital à trois reprises, dimanche et lundi. Elle le paie 15 $ de l’heure.

Lundi après-midi, une employée de l’hôpital est venue l’aider à marcher, avant que Mme Paquet ne décide de quitter l’hôpital de son propre chef. Elle souffrait aussi de la chaleur. Elle était convaincue que cette décision l’aiderait à se relever plus rapidement de son ennui de santé.

PRENDRE SA SANTÉ EN MAIN

Françoise Paquet dit qu’elle ne roule pas sur l’or, mais qu’elle essaie de mettre son argent à la bonne place.

Elle invite les gens de son âge à réaliser qu’ils doivent eux-mêmes prendre leur santé en main et continuer de bouger. « Ils [le gouverneme­nt] nous ont fait croire qu’ils nous donneraien­t tout ça [du temps pour marcher, par exemple]. Ça fait longtemps que j’ai compris qu’ils ne nous donneront pas tout ça. Je ne suis pas résignée, mais lucide », dit la dame.

Selon le CISSS du Bas-saint-laurent, une équipe de l’hôpital se rencontre deux fois par semaine pour suivre l’évolution d’une personne âgée lors de son hospitalis­ation. Si la physiothér­apeute recommande qu’une personne marche pour conserver son autonomie, il est de la responsabi­lité des infirmière­s, des préposés et des familles de soutenir la personne. Sinon, une thérapeute en réadaptati­on physique se déplace. La parole-parole du CISSS, Ariane Doucet-michaud, indique que cet été, il n’y a aucun cas de personnes qui n’ont pas eu accès à ce traitement, lorsque requis par leur condition médicale.

Madame Paquet ignore si la physiothér­apeute avait recommandé la marche ou pas.

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 ?? PHOTO COLLABORAT­ION SPÉCIALE STÉPHANIE GENDRON ?? Françoise Paquet, 80 ans, à sa résidence de La Pocatière, qui a pris sa santé en main en embauchant une personne pour l’aider à marcher durant son hospitalis­ation, du 8 au 13 août derniers.
PHOTO COLLABORAT­ION SPÉCIALE STÉPHANIE GENDRON Françoise Paquet, 80 ans, à sa résidence de La Pocatière, qui a pris sa santé en main en embauchant une personne pour l’aider à marcher durant son hospitalis­ation, du 8 au 13 août derniers.

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