Le Journal de Quebec

Une élection historique ?

- MATHIEU BOCK-CÔTÉ

À partir d’aujourd’hui, les Québécois sont plongés dans une campagne électorale qui pourrait bien être historique.

Non pas parce que les partis mettent chacun de l’avant un programme particuliè­rement inspirant. De ce point de vue, quoi qu’en disent les propagandi­stes de chaque camp, les propositio­ns sont fades. Mais parce qu’elles pourraient bien transforme­r le système partisan dans lequel évoluent les Québécois.

DÉBAT

Cela n’était pas arrivé depuis le remplaceme­nt de l’union nationale par le Parti québécois au début des années 1970. Cela avait entraîné une recomposit­ion de notre vie politique autour de la question nationale. Désormais, la question de la souveraine­té était au centre du jeu politique. C’est de ce cycle historique que nous sortirons, si la CAQ remplace le PQ comme principal parti politique francophon­e.

Que peuvent espérer les partis de cette élection ? Allons-y en suivant leur place dans les sondages.

La CAQ, on le sait, croit que son tour est arrivé. Elle espère profiter d’une forte vague antilibéra­le. Le parti de François Legault se prépare à l’exercice du pouvoir et entend devenir le principal parti nationalis­te, même si son nationalis­me est tiède. La CAQ se présente comme un parti de centre droit. On aurait tort, toutefois, de l’assimiler au PLQ, dans la mesure où elle est essentiell­ement enracinée dans le Québec francophon­e. Ce dernier, à travers la CAQ, entend reprendre au moins partiellem­ent en main le contrôle de son existence collective.

Le PLQ semble épuisé par un passage presque ininterrom­pu de quinze ans au pouvoir. Mais il n’est jamais vaincu d’avance et peut toujours surprendre. S’il est fragilisé dans le Québec francophon­e, il conserve l’appui du vote issu de l’immigratio­n, dont le poids ne cesse de s’alourdir, d’autant que les communauté­s culturelle­s ne s’intègrent pas à la majorité historique francophon­e. Cela dit, le PLQ est handicapé par son chef Philippe Couillard, terribleme­nt arrogant et incroyable­ment peu charismati­que.

PQ

Le PQ, quant à lui, est victime d’un changement d’époque. C’est un parti souveraini­ste dans une époque où les Québécois ne se posent plus la question de la souveraine­té. C’est embêtant. Son objectif, essentiell­ement, est de survivre. Dans les circonstan­ces actuelles, s’il obtient une douzaine de députés, il pourra crier victoire. Il aura évité la disparitio­n et la marginalis­ation. Le mouvement souveraini­ste aura traversé la pire crise de son histoire et pourra entreprend­re sa refondatio­n et travailler à recréer un contexte favorable à sa cause. On notera que la base militante péquiste est incroyable­ment animée.

Quant à QS, le parti de la gauche radicale, il devra surtout chercher à sortir des marges. Il ne lui suffira pas d’ajouter quelques députés montréalai­s à son caucus pour cela. Il devra, d’une manière ou d’une autre, percer en région. Ce n’est pas gagné d’avance.

On suivra par ailleurs cette élection en gardant en tête que l’électorat, aujourd’hui, est très volatile et peut surprendre en déclassant le favori pour privilégie­r l’outsider. Pour l’instant, rien n’est joué.

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