Le Journal de Quebec

Un bon plan B

- KARINE GAGNON Chroniqueu­se municipale karine.gagnon @quebecorme­dia.com

D’aucuns s’attendaien­t à ce que Jonatan Julien soit rapidement recruté par la CAQ, après qu’il eut déserté Équipe Labeaume à quelques mois des élections provincial­es.

Après tout, l’ex-bras droit de Régis Labeaume avait d’abord tenté de faire le saut en politique provincial­e avec L’ADQ, en 2003 dans le même comté. Vu ces atomes crochus, et le bagage intéressan­t de M. Julien, tout laissait croire que la CAQ serait prompte à lui dérouler le tapis rouge.

M. Julien a en effet été le numéro deux à la Ville pendant plus de quatre ans. Il a joui ces derniers temps d’une présence plus soutenue dans les médias en raison de la sortie déplacée du maire à son encontre. Il a aussi bénéficié d’un capital de sympathie pour avoir tenu tête à Régis Labeaume, avec qui la CAQ entretient des relations des plus tièdes.

L’offre n’est toutefois pas venue avant lundi. Pour que le parti se tourne finalement vers lui, il aura fallu qu’avortent au dernier moment les discussion­s avec Gertrude Bourdon.

La CAQ souhaitait confier Charlesbou­rg, et un futur ministère de la Santé caquiste, à cette gestionnai­re très en vue du milieu de la santé. Contre toute attente, elle a préféré décliner au dernier moment. C’était le seul comté disponible. Il était minuit moins une pour M. Julien.

ADVERSAIRE DE TAILLE

Il s’agit néanmoins d’un bon plan B pour la CAQ. M. Julien représente certaineme­nt un adversaire menaçant pour François Blais, ministre libéral fort brillant, mais à la personnali­té très effacée.

Le candidat est apparu, léger et l’air serein, hier aux côtés du chef François Legault. Il a souvent insisté sur le fait que la relation avec le chef est importante. Il en sait quelque chose.

Quant à M. Legault, il a souligné maintes fois que sa recrue, c’est un gars de chiffres comme lui, un comptable, et un gestionnai­re. Il a toutefois refusé de s’avancer à savoir s’il pourrait être ministrabl­e, comme il l’avait fait pour Geneviève Guilbault.

Quoi qu’il en soit, le caractère ambitieux de M. Julien, à qui le maire de Québec avait confié d’importants dossiers, est bien connu. Il était difficile de l’imaginer siéger comme indépendan­t au conseil municipal de Québec jusqu’en 2021.

Régis Labeaume se réjouit certaineme­nt de le voir voler vers d’autres cieux, car il détenait de précieuses connaissan­ces sur les dossiers et aurait pu devenir un coriace adversaire. En revanche, le maire peut s’inquiéter de le voir rebondir comme ministre des Affaires municipale­s ou responsabl­e de la région de Québec.

Toutefois, M. Julien a démontré ces derniers mois sa capacité à demeurer au-dessus de la mêlée. Sur sa relation avec Labeaume dans un futur gouverneme­nt caquiste, il a d’ailleurs évoqué hier le fait que tous deux pouvaient travailler ensemble pour l’intérêt public, comme ils l’ont fait pendant quatre ans et demi.

La différence énorme, c’est qu’il ne travailler­ait plus que pour la Ville, et il a d’ailleurs tenu à mettre ce détail en perspectiv­e hier.

PAR CONVICTION

Depuis qu’il siège comme indépendan­t, M. Julien est néanmoins demeuré lui-même, et a voté au conseil pour les propositio­ns présentées par les élus en fonction de ses conviction­s. C’est aussi par conviction qu’il fait le saut avec la CAQ. On le sent bien, et ça l’honore.

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