Déjà un test de leadership pour Scheer
Le congrès du Parti conservateur débute ce midi à Halifax sur fond de dissension
OTTAWA | La grand-messe du Parti conservateur s’est transformée en un véritable test de leadership pour son chef Andrew Scheer alors que le rendez-vous ne devait être qu’une formalité pour lui.
Quelque 3000 militants conservateurs se réunissent à Halifax d’aujourd’hui à samedi. Généralement, ce genre de réunion pose peu de risque pour les chefs de parti, qui s’adressent à leurs partisans.
Mais M. Scheer devra naviguer sur une mer plus agitée que prévu. Il devra démontrer qu’il a l’étoffe d’un capitaine, à un an des élections fédérales.
MAD MAX AU TRAVAIL
L’un des écueils est Maxime Bernier. Le député québécois multiplie depuis plus d’une semaine les attaques contre des positions officielles du parti.
« Bernier vient tester le leadership et l’autorité de M. Scheer, croit Frédéric Boily, politologue de l’université de l’alberta. La professeure de l’université d’ottawa Geneviève Tellier est du même avis.
« Normalement, on aime montrer un front uni, et visiblement, ce n’est pas ce qu’on voit », soutient la politologue, qui rappelle que « Mad Max » a récolté 49 % des voix lors de la course à la direction du parti.
Le Beauceron a fait les manchettes récemment avec des tweets suggérant que le Canada accueille trop d’immigrants et que plus de diversité nuirait à la cohésion sociale. M. Scheer et de nombreux députés conservateurs ont condamné son discours.
IL EN REMET UNE COUCHE
Loin de se décourager, M. Bernier en a remis, hier, en lançant une critique à peine voilée du leadership de son chef, juste avant que le parti annonce une tournée du pays pour parler d’immigration.
« Ainsi donc, après m’avoir désavoué la semaine dernière et m’avoir dit de fermer ma gueule, mes collègues viennent de se rendre compte que les Canadiens considèrent ce sujet important et veulent en entendre parler ? Bel exemple de leadership fort ! » a-t-il ironisé sur Twitter.
M. Scheer devra aussi trouver une façon de contenir les ardeurs de la frange sociale du parti, ceux qui veulent par exemple rouvrir la question de l’avortement. Cet enjeu s’est d’ailleurs frayé un chemin tout en haut de la liste des sujets qui seront débattus par les militants en congrès, s’étonne M. Boily.
« C’est souvent là où les conservateurs vont trébucher, explique-t-il. Ce sera intéressant de voir dans quelle direction va se diriger le parti. »
Le stratège conservateur Tim Powers n’est pas surpris que les enjeux sociaux obtiennent une place de choix.
« C’est toujours le cas, nuance-t-il. C’est important pour cette frange d’avoir un endroit où s’exprimer, et le congrès est justement le forum approprié. »
Le congrès sera l’occasion pour les militants de débattre de dizaines de propositions. Ce sera toutefois le chef qui décidera en fin de compte si elles seront de la plateforme électorale du parti.