Le Journal de Quebec

Le début de la fin pour Donald Trump

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- PIERRE MARTIN @Pmartin_udem

Mardi, deux ex-associés du président ont été reconnus coupables de crimes. Deux de ces crimes impliquent directemen­t Donald Trump et d’autres accusation­s suivront. Ce n’est qu’un début, le début de la fin.

Le même jour, un jury de Virginie déclarait l’ex-directeur de campagne du président, Paul Manafort, coupable de huit chefs d’accusation, pendant qu’à New York Michael Cohen, son ancien avocat, plaidait coupable à huit crimes, dont deux impliquent directemen­t Trump.

Les paiements versés en octobre 2016 pour faire taire deux femmes au sujet de leurs liaisons avec Trump étaient illégaux. Cohen le savait, Trump aussi.

Il est toutefois difficile de mener un procès contre un président en exercice, et c’est le Congrès qui devra trancher.

VERS LA DESTITUTIO­N ?

Donald Trump a enfreint la loi pour cacher des aventures extra-conjugales, et si c’était suffisant pour faire subir un procès en destitutio­n à Bill Clinton en 1998, ce devrait l’être pour Trump en 2018.

Il faudra toutefois attendre encore un bon bout de temps avant que l’enquête du procureur spécial aboutisse et que Robert Mueller remette son rapport au Congrès.

La nature et le nombre des crimes et délits impliquant le président sont inconnus, mais on sait maintenant qu’il y en aura. On sait aussi que les autorités judiciaire­s possèdent une multitude de documents sur le passé de Trump qu’il aurait préféré garder enfouis.

Dans l’affaire russe, des indices de liens entre la campagne Trump et des agents du Kremlin sont déjà connus, et certains témoignage­s suggèrent que Trump lui-même était au courant.

D’autres faits connus suggèrent que le président et son entourage ont ensuite été impliqués dans diverses tentatives d’entrave à la justice, comme celles qui avaient entraîné la chute de Nixon en 1974.

Il semble donc assez clair qu’on se dirige vers un processus de destitutio­n.

PRIS AU PIÈGE

Les options de Trump pour s’en sortir sont limitées. Il pourrait accorder le pardon à ses collaborat­eurs, mais ce geste serait perçu comme un abus de pouvoir et ses collaborat­eurs devraient quand même témoigner, et ils seraient alors privés de leur droit au silence.

De toute façon, Cohen et Manafort sont aussi passibles d’accusation­s par leurs États, et le pardon présidenti­el ne s’applique qu’aux crimes fédéraux.

Le président pourrait aussi faire congédier Mueller, mais cela serait nécessaire­ment interprété comme une entrave à la justice et rendrait un procès en destitutio­n pratiqueme­nt inévitable.

Traqué, Donald Trump contre-attaque. Ses attaques visent ses adversaire­s politiques, mais surtout les faits et la vérité. Trump commande à ses partisans d’ignorer les faits et de croire tout ce qu’il leur dit, en colportant le mythe d’un complot des élites et du « deep state » contre le peuple qu’il prétend représente­r.

D’ici à ce que la lumière soit faite sur toutes les affaires impliquant Donald Trump, son comporteme­nt deviendra encore plus erratique et impulsif. Ça promet.

Cette crise ressemble de plus en plus à une reprise du Watergate… en pire.

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