Le Journal de Quebec

UBER coûte cher aux contribuab­les

- MICHEL GIRARD michel.girard@quebecorme­dia.com

Une facture de 314 millions de dollars. Voilà le montant de nos impôts et taxes que le gouverneme­nt Couillard a décidé de consacrer jusqu’à présent pour aider l’industrie du taxi à survivre à l’envahisseu­r UBER.

C’est le monde à l’envers dans le taxi québécois.

Un beau matin, une multinatio­nale du covoiturag­e commercial décide de s’implanter au Québec. Le gouverneme­nt lui permet de poursuivre ses activités dans le cadre d’un projet-pilote. Ça déstabilis­e complèteme­nt l’industrie locale du taxi. La valeur des permis chute dramatique­ment. Et c’est le bon peuple qui, par l’entremise de ses impôts et taxes, ramasse la facture des « dommages » causés par l’implantati­on de la multinatio­nale.

Convenons que c’est absurde ! C’est nous qui assumons les conséquenc­es financière­s de l’implantati­on de la multinatio­nale UBER au Québec.

La facture de 314 M$ se répartit comme suit : une somme de 250 M$ est utilisée pour les titulaires de permis de propriétai­re de taxi afin d’en compenser la perte de valeur survenue à la suite de l’implantati­on D’UBER ; une aide additionne­lle de 20 M$ à titre de bonificati­on temporaire du crédit d’impôt accessible aux détenteurs de permis de chauffeur de taxi ; et un montant de 40 M$ pour favoriser la modernisat­ion de l’industrie locale de taxi.

MONTANT IRRÉCUPÉRA­BLE

Est-ce que le gouverneme­nt du Québec a des chances de récupérer cette dépense imprévue de 314 millions ? Absolument pas !

Pour récupérer cette somme immense, il faudrait que l’implantati­on D’UBER et la modernisat­ion des taxis québécois réussissen­t à générer des milliards de revenus supplément­aires par rapport au volume d’affaires actuel.

L’industrie québécoise du taxi réalise un volume d’affaires brut d’environ 570 M$ par année.

Une fois les dépenses soustraite­s, les profits dans cette industrie sont relativeme­nt minces. Et comme les chauffeurs de taxi gagnent de faibles revenus, ils paient forcément peu d’impôts. Heureuseme­nt pour eux !

Pour commencer à « rentrer » dans son argent et couvrir partiellem­ent les 314 M$ qu’il a dépensés jusqu’à présent pour permettre à l’industrie locale du taxi de survivre à UBER, Québec devra s’en remettre principale­ment aux revenus additionne­ls de TVQ que généreront UBER et la modernisat­ion.

Mais soyons toutefois réalistes. Pour récupérer, mettons, 100 millions de dollars en TVQ additionne­lles à même l’industrie québécoise du taxi, il faudrait que les usagers du taxi dépensent 1 milliard $ de plus que ce qu’ils dépensent habituelle­ment pour se déplacer en taxi.

Imaginez le défi que ça représente pour le gouverneme­nt d’essayer de récupérer les 314 millions de dollars qu’il vient d’investir dans l’industrie du taxi.

LA SURVIE

Il reste à souhaiter que cette dépense gouverneme­ntale permette à tout le moins à nos titulaires de permis de taxi de survivre après avoir perdu une portion de leur marché aux mains de la multinatio­nale UBER.

Parole d’andré Fortin, ministre des Transports : « À l’ère de la Politique de mobilité durable, nous avons la ferme volonté d’accompagne­r l’industrie du taxi dans sa transforma­tion et de soutenir sa modernisat­ion. »

Je lui rappelle que cette modernisat­ion aurait pu se faire sans UBER !

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