Un investisseur indésirable dans un projet d’usine de cannabis de 100 M$
Groupe Kaméléon veut se dissocier totalement de Dominic Arsenault et de son passé trouble
Le Groupe Kaméléon, qui est derrière le projet de construction d’une usine de production de cannabis de 100 M$ à Petite-rivière-saint-françois, tente par tous les moyens de rompre ses liens d’affaires avec un investisseur au passé trouble.
Le Journal a appris que l’homme d’affaires de Québec, Dominic Arsenault, est impliqué comme investisseur dans le projet Altitude 640 qui prévoit produire 100 000 kilos de cannabis par année à des fins thérapeutiques et cosmétiques.
Dominic Arsenault, qui a déjà fait les manchettes, est aussi président de la société Cannabis Kameleon, récemment créée.
« Oui, je connais M. Arsenault. C’est un investisseur, point », a affirmé Martin Dufour, vice-président de Groupe Kaméléon.
PAS DE LIEN ENTRE LES DEUX SOCIÉTÉS
Malgré l’évidente ressemblance entre Cannabis Kameleon et Groupe Kaméléon, M. Dufour soutient qu’il n’y a aucun lien entre les deux sociétés. Pourtant, le nom de M. Dufour est apparu comme administrateur de Cannabis Kameleon au Registraire des entreprises, avant d’être retiré la même journée, le 12 mars dernier.
« Cela a été fait à mon insu », a vivement réagi M. Dufour.
M. Dufour, qui a travaillé dans le milieu cinématographique à Montréal pendant une trentaine d’années, a dévoilé mardi les détails de la construction d’une usine de cannabis dans Charlevoix. Le dépôt de la demande de permis auprès de Santé Canada sera fait prochainement, a-t-il informé. Groupe Kaméléon est présidé par François Ruel. Ils affirment être conseillers par l’ex-sénateur Michel Rivard, qui a été député de Limoilou pour le PQ à l’époque de Jacques Parizeau.
Groupe Kaméléon est la propriété d’un consortium d’hommes d’affaires québécois qui préfèrent rester anonyme pour l’instant, a poursuivi M. Dufour.
LE FISC À SES TROUSSES
Ce dernier soutient qu’il ignorait que M. Arsenault avait eu maille à partir avec le fisc québécois. En 2017, l’agence du revenu du Québec a déposé un avis d’inscription d’une hypothèque légale pour une somme de 120 805,15 $. Ce dossier a été réglé en avril dernier, mais le fisc québécois lui réclame encore 49 500 $, d’après les documents consultés par Le Journal.
En 2005, la compagnie de M. Arsenault, Toiture D. Arsenault, qui a cessé ses activités, s’est vu imposer des amendes totalisant près de 137500 $ pour une trentaine de contraventions en lien avec la Loi sur la santé et la sécurité du travail. À au moins trois reprises, l’entreprise a été impliquée dans des accidents de travail, alors que des travailleurs sont tombés de toitures.
Le ton de M. Dufour a monté lorsqu’il a été informé des faits d’armes de cet investisseur.
« On essaie de s’éloigner le plus possible de M. Arsenault. Je peux juste vous dire ça », a-t-il dit après avoir fait ses propres vérifications.
« On est en train de régler ça. On l’a signifié par avocat. M. Arsenault ne fera pas partie du projet. M. Arsenault et moi, c’est terminé. On est en négociations pour se débarrasser de lui. Je n’ai plus rien à dire », a-t-il ajouté.
L’avocat du Groupe Kaméléon, Me Vincent Tremblay, a confirmé que des démarches étaient en cours pour mettre fin à la relation d’affaires avec M. Arsenault et sa société, Cannabis Kameleon.
« Je ne peux pas trop en dire, mais on essaie de mettre tout cela au clair. M. Dufour n’est pas en lien avec toute représentation qu’aurait pu faire M. Arsenault via sa compagnie Cannabis Kameleon », a-t-il déclaré.
Les tentatives pour joindre M. Arsenault sont restées infructueuses. – Avec la collaboration de Philippe Langlois, Agence QMI