Hélas ! il ne reste rien Pour emporter
Malgré les annonces aguichantes de Radio-canada voulant que Pour emporter, la nouvelle émission D’ARTV, élargisse nos « horizons culturels », il n’y a pas grand-chose à « emporter » de cette heure d’entrevue que mène France Beaudoin.
C’est à consommer sur place pourvu qu’on n’ait rien de plus « culturel » à faire. Comme ouvrir un livre, par exemple. Même si le divan de France Beaudoin et de son invité est couvert de livres, ils n’ont guère d’importance. C’est un trompe-l’oeil pour donner l’impression que la société d’état s’acquitte bien de son mandat culturel.
L’idée de mieux connaître un invité à partir de ses lectures et des auteurs qu’il fréquente est prometteuse. C’est un peu ce que laissait entendre la rumeur précédant la série. Un concept pareil exigerait beaucoup plus de travail que n’en demande celui, flou et incertain, de Pour emporter. Livres et citations y sont tout à fait incidents et pourraient fort bien disparaître du décor.
DES INVITÉS INATTENDUS
Il y a quelques jours, France Beaudoin a révélé qu’on inviterait surtout des personnalités qu’on ne voit pas trop souvent à la télé. Eh bien, c’est réussi, puisqu’on comptera parmi les invités de la saison Guy A. Lepage, Maripier Morin, Louis T, Marc Labrèche, Patrick Lagacé, Mariana Mazza, Virginie Fortin et d’autres comme eux qu’on ne voit pas depuis des lustres !
Pour la première de la saison, l’animatrice y est allée d’un grand coup : faire découvrir Serge Denoncourt, juge depuis trois ans aux Dieux de la danse. On l’aurait même invité dix fois à Tout le monde en parle. En juin, il a profité de sa présence aux Échangistes pour nous apprendre qu’il souffre du syndrome d’asperger, privant Pour emporter de cette primeur essentielle.
L’audace des concepteurs de Pour emporter ne s’arrête pas au choix de personnalités aussi inattendues. Imaginez-vous que l’animatrice et son invité sont assis sur le même divan ! Wow ! Dans un lieu (le Centre des sciences) auquel on a donné une allure « lounge » ! Wow ! Le public, Wow ! aussi, y fait tapisserie. Comme dans toutes les autres émissions du genre.
UN HOMME AU CLAVIER
J’allais oublier. Dans le coin droit, l’auteur-compositeur-interprète Antoine Gratton est au clavier. Lui aussi fait presque tapisserie. Peut-être y est-il pour rappeler que France Beaudoin anime aussi En direct de l’univers. Le rapport entre France, la musique et l’invité de Pour emporter rappelle celui de son autre émission. À moins qu’il y soit pour souligner l’émotion de certains propos au cas où elle nous échapperait. On sent Gratton toujours sur le qui-vive, impatient de montrer son savoir-faire.
France Beaudoin est une intervieweuse chevronnée. L’une de celles qui ont le plus d’expérience. Elle a fait du bon travail à Bons baisers de France et continue dans la même veine à ses émissions En direct de l’univers.
Elle m’a ravi à Dis-moi tout, une rencontre, originale celle-là, entre une personnalité et des enfants. France est vive, elle est expressive, elle est photogénique. Peut-être trop, car ses réalisateurs la montrent si souvent qu’on finit par se lasser de l’assortiment de mimiques et d’expressions qu’elle a cultivées pour la caméra.
Pour emporter n’est pas une mauvaise émission, mais elle n’ajoute rien à de trop nombreuses autres du même genre.
Pour emporter n’est pas une mauvaise émission, mais elle n’ajoute rien à de trop nombreuses autres du même genre.