Le Journal de Quebec

L’art de vivre avec peu

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Il y a quelque temps, un(e) certain(e) « Claude » vous racontait très bien vivre avec un revenu annuel de 17,000 $. Vous sembliez en douter. Ce/tte Claude et moi avons trois points en commun : notre âge, notre statut de retraité et notre revenu annuel. Je me permets donc de vous décrire mon mode de vie, tout à fait décent avec un revenu si modeste, qu’on le qualifie normalemen­t de « sous le seuil de la pauvreté ».

J’utilise les transports en commun, moins rapides, mais dix fois plus économique­s qu’une auto. Pour l’épicerie, j’utilise un sac de grosseur moyenne et je le fais par étapes. Je vis dans un logement de 4 pièces ½ aux dimensions tout aussi convenable­s que le prix du loyer que je paye. Je n’ai ni lave-vaisselle, ni ipad, ni ipod, ni cellulaire, ni CD ou DVD avec lecteurs, ni aucun gadget. J’ai le même ordinateur depuis sept ans. Pas d’écran télé géant et un forfait de base sans canaux dans les trois chiffres.

Une fois ma lessive terminée, je la laisse sécher sur un étendoir. Quand tout est bien sec, une seule fois par semaine, je mets la sécheuse en route 30 minutes seulement pour assouplir les tissus, car malgré l’avis des fabricants, il n’y a rien de plus énergivore qu’une sécheuse.

Je surveille les rabais dans le Publi Sac ou autres circulaire­s. J’achète un bon de 90 % pour ma nourriture aux épiceries qui acceptent de baisser leurs prix de façon équivalent­e à la concurrenc­e. Vous seriez surprise de l’économie réalisée. J’achète beaucoup de produits « sans nom » ou de « marque maison », d’aussi bonne qualité et toujours moins chers. Sans parler de mon organisme caritatif où je peux me procurer un repas gratuit pour chaque deux heures de bénévolat, ainsi que la carte privilège à laquelle mon revenu modeste me donne droit pour un rabais supplément­aire de 30 % sur toute leur nourriture, les repas congelés et articles usagés que je peux y acheter.

En terminant, je précise que je vis seul, sans petits-enfants, que je ne voyage pas, mais que je ne vis ni comme un ascète ni comme il y a cent ans. Cette lettre ne mentionnan­t pas le sexe de son auteur(e), avec nos points communs si nombreux, mes proches pourraient croire qu’elle est de moi. Claude (bis)

Je ne puis vous révéler le sexe de cette personne, car sa si courte lettre ne me donnait aucun indice. Contrairem­ent à ce que vous affirmez, je ne considérai­s pas impossible de vivre avec 17,000 $ par année. Je disais simplement que j’aurais aimé en voir le détail, ce que vous faites aujourd’hui pour mon plus grand bonheur et celui des lecteurs. J’admire votre débrouilla­rdise.

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