Indignation après l’incendie à Rio
Une partie de l’histoire du Brésil est partie en fumée
RIO DE JANEIRO | (AFP) Plusieurs centaines de manifestants ont protesté hier au Brésil, certains avec des jets de pierres, contre la négligence du gouvernement après l’incendie du Musée national dans la capitale dimanche.
Près de 500 étudiants et chercheurs liés au musée, la plupart vêtus de noir, se sont rassemblés devant les décombres encore fumants pour « enlacer » l’ancien palais impérial du XIXE siècle parti en fumée la veille à Rio de Janeiro.
POPULATION INDIGNÉE
Des manifestants ont jeté des pierres sur les policiers et forcé l’entrée de l’enceinte du musée, a constaté un photographe de L’AFP. Certains scandaient « Dehors, Temer ! » à l’égard du président brésilien Michel Temer.
« Il ne suffit pas de pleurer. [...] Il faut que la population soit indignée. Une partie de cette tragédie aurait pu être évitée », a lancé Alexandre Keller, directeur du musée, pointant du doigt le manque de fonds alloués à la conservation du musée, en raison des coupes budgétaires.
« Je suis venu dire au revoir », a commenté sobrement un étudiant qui participait à la manifestation, avant d’enlacer un collègue, comme lui ému aux larmes.
« C’est le Brésil tout entier qui part en fumée, c’est une catastrophe indescriptible pour ceux qui défendent l’histoire et la culture », a déclaré à L’AFP Valeria Rivera, technicienne en restauration, qui travaillait au musée depuis 2012.
Considéré comme le plus grand musée d’histoire naturelle d’amérique latine, le Musée national, qui a célébré en juin son bicentenaire, abritait environ 20 millions de pièces d’une valeur inestimable et une bibliothèque de plus de 530 000 titres.
RÉCESSION
Le président Temer a annoncé hier dans un communiqué la création d’un fonds financé par un groupe d’entreprises publiques et privées pour permettre « la reconstruction du musée dans les plus brefs délais ».
Plombé par une dette publique abyssale et des scandales de corruption à répétition, le Brésil, qui sort timidement d’une récession historique, a effectué ces derniers mois de nombreuses coupes budgétaires dans les secteurs de la recherche, de la culture et de la science.
Le ministre de la Culture, Sergio Sa Leitao, a reconnu que « la tragédie aurait pu être évitée » et que « les problèmes s’étaient accumulés au fil du temps » pour l’établissement.