Le Journal de Quebec

Un test pour Couillard

- claude.villeneuve@quebecorme­dia.com @vclaude CLAUDE VILLENEUVE Directeur Opinions

Une discussion récurrente entre les membres des médias ces temps-ci, c’est de se demander qui, de Philippe Couillard ou de François Legault, a connu le plus mauvais début de campagne.

À la fin, ce sont les électeurs qui trancheron­t, mais il y en a un qui doit d’ores et déjà ajuster une partie de sa stratégie et c’est Philippe Couillard, qui envoie ses candidats porter des attaques très dures en refusant de les endosser.

Ça a commencé avec Marwah Rizqy et Christine Saint-Pierre qui ont essuyé un bon retour de feu après avoir bêtement accusé François Legault de sexisme. Tout le monde se doutait bien qu’il n’y avait qu’un groupe de conseiller­s mal avisés pris dans l’aquarium d’un bunker électoral pour avoir planifié une sortie aussi ridicule. C’est devenu franchemen­t gênant quand Philippe Couillard a dit de ses candidates qu’elles avaient le droit de s’exprimer, sans reprendre leurs propos à son compte.

Ça s’est poursuivi vendredi dernier, lorsque Gaétan Barrette en a remis sur l’histoire du prêt de 55 000 $ effectué par Éric Caire au maire de L’ancienne-lorette. Après que son ministre eut réclamé l’interventi­on de L’UPAC, Philippe Couillard a refusé d’appuyer cette demande, répétant que son équipe était « libre de s’exprimer », bien qu’il préfère lui-même mener une campagne positive.

ODEUR DE ROSE

La stratégie est donc claire, du côté du Parti libéral. Pendant que ses candidats se rouleront dans la fange et lanceront de la boue, le chef poursuivra sa tournée en laissant une odeur de rose dans son sillage.

Sauf que ça ne peut pas continuer comme ça. Ça peut en effet vouloir dire deux choses, à propos de Philippe Couillard. Soit il mène une campagne hypocrite en faisant faire le sale boulot à ses élus pour pouvoir se prétendre porteur d’un message positif. Soit le chef libéral a perdu le contrôle de son parti et on se demande dès lors ce qu’il fait toujours à sa tête. Dans les deux cas, ce serait signe de lâcheté.

Et s’il y a bien une chose dont Philippe Couillard n’a pas besoin dans cette campagne, c’est de passer pour quelqu’un qui n’est pas capable d’attaquer ses adversaire­s ou de discipline­r ses gens.

LE VRAI PHILIPPE COUILLARD

On reproche souvent aux médias, en campagne électorale, de trop s’arrêter aux stratégies des différents partis plutôt que de s’intéresser aux idées qui sont proposées. Or, il y a ici un enjeu qui, oui, relève de la stratégie, mais qui constitue un important test de caractère pour celui qui demande à gouverner le Québec pour quatre ans de plus. Depuis son arrivée au pouvoir, Philippe Couillard a imposé aux Québécois un régime de rigueur austéritai­re qui a fait mal, avant de leur redonner leur propre argent à l’approche des élections. Sur nos débats collectifs d’importance, comme l’immigratio­n et l’identité, il a souvent adopté un ton incendiair­e qui a accentué les clivages déjà existants. Les Québécois sont en droit de savoir qui est l’homme qui veut rester quatre ans de plus au pouvoir. Est-ce celui qui continuera à les diviser ou est-ce celui qui a perdu le contrôle de son équipe ? Bref, il est plus que temps que le vrai Philippe Couillard se lève.

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Le chef poursuivra sa tournée en laissant une odeur de rose dans son sillage.

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