Le Journal de Quebec

SA CARRIÈRE FAUCHÉE PAR UN AVC

Louisbert Altidor aurait été victime de ce problème de santé en raison d’une accumulati­on de coups à la tête

- Mathieu Boulay l

Avant un combat, il n’est pas rare qu’un boxeur mentionne qu’il est prêt à mourir dans le ring contre son adversaire pour remporter une victoire. C’est un scénario qui aurait pu se produire dans le cas de Louisbert Altidor.

Altidor (9-2, 4 K.-O.) a été victime d’un accident vasculaire cérébral (AVC) le 3 août dernier. Un événement auquel il ne s’attendait pas malgré sa carrière de boxeur et de joueur de football à l’adolescenc­e.

« Après mon dernier combat (9 juin au Casino de Montréal), j’ai fait deux sparrings avec Dierry Jean. Je n’ai pas eu de flash ou de commotions, explique Louisbert Altidor lors d’une entrevue exclusive avec Le Journal. Lors de mes séances avec Dierry, c’était léger et technique. Il ne m’avait pas fait mal. »

Quelques jours après sa deuxième séance, tout a basculé. Après sa journée comme charpentie­r-menuisier, il a décidé de faire une sieste. Toutefois, les cris de joie et les bruits de ses enfants l’ont empêché de dormir.

« J’étais fatigué quand je me suis levé, mais sans plus, ajoute Altidor. En soirée, j’ai pris un café et quand je me suis levé de table, j’ai senti une douleur à la tête. Moins de dix minutes plus tard, la douleur a passé de 0 à 200. Je me suis mis à crier et je sentais que ma tête allait exploser. »

Sa fiancée Susana a réagi rapidement, et le boxeur a été transporté par ambulance à l’hôpital. Quelques heures plus tard, une neurochiru­rgienne lui a confirmé qu’il avait été victime d’un AVC aigu. Altidor est demeuré à l’hôpital pendant une semaine afin de stabiliser son état.

« Un des vaisseaux sanguins dans la section motrice de mon cerveau avait été fragilisé après la première séance avec Dierry, mentionne le pugiliste. J’avais également du sang séché dans cette région et un caillot depuis un mois.

« Elle [la neurochiru­rgienne] a ajouté qu’il y a de bonnes chances que ça soit relié à une accumulati­on de coups dans le ring, mais aussi à mes trois commotions cérébrales subies au football quand j’étais plus jeune. Ça aurait pu m’arriver à l’entraîneme­nt ou pendant un combat. J’ai été très chanceux, car 99 % des personnes qui ont ce type de malaise en ressortent avec des séquelles. Moi, je n’ai rien eu. »

ÉCOUTER LES SIGNES

Durant sa carrière, Altidor estime avoir été impliqué dans 70 combats amateurs, 1400 sparrings et 11 duels chez les profession­nels. Même s’il possède une bonne défensive, le boxeur sait qu’il a été exposé à des milliers de coups à la tête.

« J’ai toujours été tough, mais je l’étais peut-être trop pour mon bien, confirme Altidor. J’aimais mettre de la pression en rentrant à l’intérieur. Puis, quand je voyais que mon opposant ne me faisait pas mal, j’aimais bien avoir des échanges musclés avec lui. Je sais que ça ne m’a pas aidé. »

Il était aussi souvent sollicité par d’autres boxeurs pour des sparrings en raison de son intensité et de sa défensive. Celui qu’on surnommait « Ti-kouto » a mis les gants à plusieurs reprises avec les David Lemieux, Steven Butler, Ghislain Maduma, Éric Bazinyan et Eleider Alvarez.

« Ce que je m’explique mal, c’est que je n’avais jamais eu de symptômes après mes combats ou mes séances au gymnase, mentionne Altidor. De plus, je passais des scans chaque année pour obtenir mon permis avec la Régie, mais il n’y a jamais eu d’anomalie. »

RETRAITE FORCÉE

Altidor n’est pas tombé en bas de sa chaise lorsque la neurochiru­rgienne lui a annoncé qu’il serait préférable pour sa santé de mettre fin à sa carrière de boxeur. « Avant qu’elle me parle, je le savais déjà que la boxe, c’était terminé pour moi, reconnaît-il. Quand j’étais en pleine douleur et que je criais, je pensais que j’allais mourir. En même temps, je pensais à mes trois enfants et je me disais que je ne pouvais pas les laisser comme ça.

« Je suis un homme de famille, et la mienne, elle est tout pour moi. »

Même s’il sera tenaillé par l’idée de remettre les gants dans les prochains mois, Altidor sait qu’il a pris la bonne décision. Il le réalisera lors de ses vieux jours.

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