Le Journal de Quebec

« J’aurais dû être plus vigilant »

- MATHIEU BOULAY

Lorsqu’il fait une rétrospect­ive de sa carrière sportive, Louisbert Altidor reconnaît qu’il a commis quelques erreurs. Si c’était à recommence­r, il ferait certaines choses différemme­nt.

« Ta qualité de vie est tellement importante, souligne le pugiliste. J’aurais dû être plus vigilant. Je n’allais pas chez le médecin sur une base régulière.

« J’ai eu des commotions cérébrales au football, mais les médecins ne voyaient rien d’anormal sur les tests d’imagerie. Elles n’ont jamais été traitées comme il se doit. »

Chez les amateurs, il était capable de se démarquer en raison de son style technique. Il a changé un peu son approche à son arrivée chez les pros. Il était souvent engagé dans des échanges nourris avec ses adversaire­s.

« J’aurais pu utiliser plus souvent mon style des amateurs, où j’étais davantage un technicien. Je me serais fait moins toucher, indique le résident de Sainte-julie. Quand tu montes dans le ring, tu ne penses pas que tu mets ta vie en danger. Tu songes plutôt à tous les sacrifices que tu as faits pendant ton camp d’entraîneme­nt pour arriver au combat. Il y a beaucoup de fierté et d’orgueil pendant un duel. »

THÉRAPIE PAR LE SPORT

On se demande souvent ce qui peut amener une personne à vouloir devenir boxeur profession­nel. Dans le cas d’altidor, la boxe était une passion, mais elle lui servait également de thérapie.

« Mon père est décédé quand j’étais jeune et ma mère est arrivée au Canada il y a seulement quatre ou cinq ans, raconte-t-il. J’allais de famille en famille chez des tantes et je suis parti en appartemen­t à 16 ans. Ça m’a toujours manqué d’avoir une vraie famille.

« Je boxais pour libérer la rage que j’avais à l’intérieur depuis mon enfance. J’en avais besoin. »

À l’adolescenc­e, son niveau d’agressivit­é était très élevé. Il se battait souvent dans la rue contre des personnes qui lui cherchaien­t noise. « Je n’étais pas un criminel, mais je n’étais pas gentil. Je sortais ma rage sur tout. La boxe m’a permis de ventiler mes émotions du passé. »

SA FIANCÉE SOULAGÉE

S’il n’a eu aucune séquelle de son AVC, Altidor sait qu’il doit une fière chandelle à sa fiancée Susana. Celle-ci a fait preuve de sang-froid pendant que son conjoint souffrait le martyre. Malgré cet épisode inquiétant, elle vit des émotions partagées quant à la fin de la carrière de son conjoint.

« Je suis contente qu’il ait décidé de prendre sa retraite pour sa santé. En même temps, je sais que c’est très décevant pour lui, affirme Susana Donoso. J’avais certaines appréhensi­ons après l’annonce du médecin.

« J’étais sûre qu’il faudrait convaincre Louisbert d’arrêter, mais ce ne fut pas le cas. C’est une bonne nouvelle. Je n’ai jamais été une grande amatrice de boxe, mais il pratiquait déjà ce sport quand je l’ai connu. Pour lui, c’était une passion. »

Même s’il a adoré mettre les gants pour un combat, Altidor n’encourager­a pas ses deux fils à faire carrière dans le noble art.

« Ils regardent les vidéos de mes combats et il arrive qu’ils mettent mes gants dans la maison pour le plaisir, précise-t-il. Par contre, je n’aimerais pas qu’ils fassent de la boxe. Ce n’est pas un sport. Tu ne joues pas à la boxe. »

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 ??  ?? Louisbert Altidor a été forcé d’accrocher ses gants après avoir été victime d’un AVC il y a quelques semaines. Le boxeur est photograph­ié en compagnie de sa fiancée Susana Donoso et de leurs trois enfants, Félix, Thiago et Eva. PHOTOS PIERRE-PAUL POULIN
Louisbert Altidor a été forcé d’accrocher ses gants après avoir été victime d’un AVC il y a quelques semaines. Le boxeur est photograph­ié en compagnie de sa fiancée Susana Donoso et de leurs trois enfants, Félix, Thiago et Eva. PHOTOS PIERRE-PAUL POULIN

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