Le Journal de Quebec

Cet élu avait le droit de déneiger la patinoire

Un village dépense 55 000 $ pour avoir cette réponse

- STÉPHANIE GENDRON

SAINT-PHILIPPE-DE-NÉRI | Une municipali­té du Bas-saint-laurent a payé 55000 $ pour démontrer qu’un de ses conseiller­s municipaux avait le droit de déneiger la patinoire locale au salaire minimum.

Le maire de Saint-philippe-deNéri, Frédéric Lizotte, qui était à l’époque conseiller municipal, avait proposé au comité des loisirs d’entretenir la patinoire du petit village de 850 habitants à l’hiver 2016-2017. Personne d’autre ne voulait le faire. Il avait offert qu’on lui paye le salaire minimum de 11,25 $ pour un total de 1417 $ à la fin de l’hiver.

PLAINTE

Une citoyenne a cependant déposé une plainte en mars 2018, sous prétexte qu’il y aurait eu conflit d’intérêts. Un juge administra­tif de la Commission municipale du Québec a déterminé récemment que le comité des loisirs qui a donné le contrat n’était pas un organisme municipal au sens du Code d’éthique. Il était financé à moins de 50 % par la municipali­té. Il était donc légal qu’un élu déneige la patinoire.

Or, il en a coûté 55 000 $, soit environ 64 $ par citoyen, en frais judiciaire­s et de comptabili­té pour démontrer la légalité du déneigemen­t de la patinoire par M. Lizotte.

À SEC

La marge de manoeuvre financière du village est maintenant à sec. Le surplus était d’un peu plus de 300 000 $, mais 250 000 $ étaient déjà prévus pour régler un problème de pression d’eau. Il n’a pas encore été décidé si le prochain compte de taxes des contribuab­les sera affecté par cette dépense imprévue.

Selon le maire, son village a été écorché par cette histoire.

« Si j’avais été déclaré coupable, j’aurais eu une tape sur les doigts, au pire, il aurait fallu rembourser. Ça valait-tu la peine de dépenser 55 000 $ de taxes municipale­s pour dire : il va avoir une claque sur les doigts ? » se questionne le maire.

Il dit qu’il avait même offert au départ de rembourser les 1417 $ pour éviter d’aller plus loin, mais le ministère des Affaires municipale­s aurait refusé.

JURISPRUDE­NCE

Tout a été tenté pour éviter l’audience.

« Comme le juge n’avait pas toute la preuve en détail, il a préféré reporter l’audition au fond. C’était la première fois au Québec que la Commission municipale avait à se prononcer sur cette notion d’organisme municipal, dans le cadre d’un code d’éthique, versus l’interpréta­tion à donner au terme de financemen­t », a dit Me Rino Soucy, l’avocat de la municipali­té.

La plaignante ne nous a pas rappelés.

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PHOTO COLLABORAT­ION SPÉCIALE STÉPHANIE GENDRON Le maire de Saint-philippe-de-néri, Frédéric Lizotte, avec, entre les mains, le jugement de la Commission municipale du Québec qui le blanchit. En mortaise, l’emplacemen­t du village.

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