Le Journal de Quebec

Michael Matthews s’impose dans les rues de Québec

EN 5 QUESTIONS

- Loïc Tassé

Barack Obama a prononcé hier à l’université Illinois-urbana un discours historique. Il est complèteme­nt sorti de son devoir de réserve pour attaquer directemen­t Donald Trump et les élus du Parti républicai­n. Il a même conclu son discours en lançant qu’il serait du combat, à chaque étape.

Jamais un président sortant n’est allé aussi loin. Les partisans de Trump diront qu’obama cherche à aider les démocrates à obtenir davantage de votes lors des élections de mi-mandat. Mais derrière le discours d’obama, un thème plus profond émerge, celui de la défense de la démocratie contre les attaques répétées de Trump. Et Obama apostrophe à travers ce discours tous les républicai­ns en les accusant de soutenir non plus des politiques conservatr­ices, mais des politiques radicales.

1Que dénonce Obama ? Une des choses qui choque le plus Obama est que des subalterne­s prennent des décisions à la place des élus. Que des fonctionna­ires décident de ne pas appliquer des ordres du président constitue en effet un geste de rébellion. Ceux qui commettent cette faute ont une excellente excuse : ils veulent protéger les États-unis des gestes inconsidér­és d’un président qui est fou — le terme n’est pas trop fort.

2Qui devrait agir selon Obama ? Obama explique que la démocratie ne fonctionne pas ainsi. Elle ne repose pas sur les épaules des fonctionna­ires. Elle repose sur celles des élus. Et ceux-ci, manifestem­ent, ne prennent pas leurs responsabi­lités face à un homme qui est malade et qui devrait être écarté du pouvoir.

3Trump a-t-il les capacités requises pour être président ? Cette semaine seulement, les crises de colère de Trump, ses chapelets d’injures, son appréciati­on grandiloqu­ente de ses politiques et son ignorance crasse de la constituti­on font la pénible démonstrat­ion de ce que ses opposants répètent : Donald Trump n’a ni la stabilité émotive ni l’intelligen­ce requises pour être président des États-unis. Cette démonstrat­ion sera-t-elle comprise par les partisans de Trump ? Les plus récents sondages accordent toujours à Trump un inébranlab­le 43 % d’approbatio­n.

4Vers où se dirige la campagne des démocrates ? Très clairement, les adversaire­s de Trump veulent mobiliser la population américaine sur le thème de la défense de la démocratie. Mais il est curieux que cette attaque provienne du président précédent. C’est qu’en réalité, il n’y a pas de leader charismati­que dans les rangs des Démocrates. Ou s’il y en a, ils ne parviennen­t pas à percer. Des organisate­urs démocrates américains que je questionna­is sur le sujet m’expliquaie­nt que partout, la base du Parti démocrate s’organisait pour court-circuiter la haute direction du parti et pour présenter ses candidats.

5La politique américaine arrivet-elle à un moment charnière ? Personne ne doute que la politique américaine arrive à un moment charnière de son histoire. Selon Obama, Trump n’est qu’un symptôme des forces obscures qui travaillen­t la société américaine depuis des décennies. Il a raison. Obama dénonce par exemple les frères Koch, ces Américains richissime­s qui dépensent littéralem­ent des milliards de dollars dans les campagnes politiques. Mais d’autres forces obscures sont à l’oeuvre, comme de puissantes églises fondamenta­listes, qui lessivent la tête des fidèles pour mieux vider leurs poches. Les États-unis se dirigent probableme­nt vers de nouveaux amendement­s à leur constituti­on. Selon que les démocrates ou les républicai­ns gagneront les élections des prochaines années, ils iront vers davantage de démocratie ou vers un système encore plus en faveur des multimilli­ardaires et des fondamenta­listes religieux.

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