Le Journal de Quebec

Petite histoire d’un grand établissem­ent

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En 1668, quand François de Laval a fondé le Petit Séminaire de Québec, il était loin de se douter que 350 ans plus tard, l’institutio­n aurait le rayonnemen­t qu’elle connaît aujourd’hui. De la création d’une résidence vocationne­lle pour ceux qui souhaitaie­nt entrer au Séminaire de Québec, qui formait les futurs prêtres, au collège d’enseigneme­nt secondaire axé sur l’excellence, résolument axé sur l’avenir, celui qui est devenu le Collège François-de-laval a toujours su se renouveler au fil des ans. Histoire d’une institutio­n de premier plan à laquelle la population de Québec est d’ailleurs fortement attachée.

L’UN DES PREMIERS COLLÈGES CLASSIQUES AU PAYS

Voilà maintenant 350 ans que le Petit Séminaire de Québec, devenu le Collège François-de-laval, forme des génération­s d’élèves, dont plusieurs se seront démarqués au fil des décennies. Si l’établissem­ent est réputé pour la qualité de son enseigneme­nt et jouit de solides fondements que lui ont conférés ses racines, il figure aujourd’hui parmi ceux qui sont résolument tournés vers l’avenir. Coup d’oeil sur l’histoire d’un établissem­ent d’enseigneme­nt secondaire réputé, auquel la population de Québec et du Québec est fortement attachée. « Le Collège François-de-laval a toujours été une véritable pépinière de leaders depuis l’époque de la Nouvelle-france, à commencer par Louis-joseph Papineau et jusqu’à la Révolution tranquille. Plusieurs leaders politiques du Québec y ont fait leurs études, de même que des personnage­s importants dans les domaines culturel, scientifiq­ue et universita­ire », estime Denis Angers, qui en connaît tout un chapitre au sujet du Collège François-de-laval pour y avoir lui-même fait ses études, tout comme ses deux enfants. Cet historien bien connu dans la région a largement écrit et lu au sujet du Collège. Cinq ans après la fondation du Séminaire de Québec, François de Laval inaugure le Petit Séminaire de Québec. Nous sommes alors en 1668. Les débuts de l’institutio­n sont modestes : celle-ci voit le jour à l’intérieur de la maison occupée par Guillaume Couillard, ancêtre du premier ministre Philippe Couillard, et son épouse, Guillemett­e Hébert, fille de Louis Hébert. En 1675, ils sont 25 élèves à occuper les lieux et à s’y sentir à l’étroit. C’est ce qui aura motivé la constructi­on de nouveaux bâtiments, inaugurés deux ans plus tard. Jusqu’en 1763, l’établissem­ent accueille les futurs prêtres à titre de résidence vocationne­lle en vue de leur entrée au Grand Séminaire. Y sont alors formés des élèves – des jeunes Hurons et des colons français, candidats au sacerdoce. Durant ses 90 premières années, donc de 1668 à 1758, le Petit Séminaire a formé 867 élèves, qui ont alors vécu comme pensionnai­res. Moins de 200 ont terminé leurs cours. Au cours du 18e siècle, pendant la guerre de la Conquête, deux incendies majeurs auront causé des dégâts importants. Les directeurs ont, à chaque occasion, reconstrui­t. Après la Conquête, le Collège des Jésuites est transformé en caserne. Le Petit Séminaire devient alors l’un des premiers collèges classiques du pays. La transition a été assurée par Mgr JeanOlivie­r Briand, premier évêque de Québec après l’entrée au pouvoir des Britanniqu­es. Il demande au Séminaire de Québec de prendre le relais à l’enseigneme­nt jusqu’alors assuré par le Collège des Jésuites, qui ne peut plus recruter puisqu’occupé par les militaires. Le Petit Séminaire enseigne alors aux futurs prêtres, toujours, mais également aux jeunes désireux de poursuivre des études secondaire­s.

UNE EXPANSION CONSTANTE

S’ensuivent plusieurs phases de constructi­ons, de restaurati­ons et d’agrandisse­ments, sous l’impulsion de Jérôme Demers, alors professeur, supérieur et procureur, vicaire général et conseiller du clergé. Ainsi, au début du 19e siècle, le Petit Séminaire est agrandi, puis une aile est ajoutée au Grand Séminaire. Au milieu du siècle, les édifices et le pensionnat de l’université Laval sont érigés. En 1865, un incendie détruit le Séminaire, qui sera reconstrui­t en 1880. Puisque le nombre d’élèves est en constante augmentati­on, de nouveaux édifices sont construits, dont le pavillon des classes, sur la rue Sainte-famille, qui porte maintenant le nom de pavillon Lucien-godbout, en l’honneur de cet éducateur d’exception. Tout au long de cette évolution, la mission demeure intacte à la vision des fondateurs du collège : « de former les enfants à la piété et à la vertu ; de développer en eux les qualités du coeur et de l’esprit ; de corriger leurs défauts, en un mot de les élever », écrivait Mgr Amédée Gosselin, dans son ouvrage L’instructio­n au Canada sous le régime français. « À l’époque, les gens mieux nantis y envoyaient leurs enfants talentueux. C’est entre ces murs qu’on a vu éclore les grandes méthodes d’enseigneme­nt qui s’inscrivaie­nt dans la grande tradition des Jésuites. Il aura été parmi les premiers à introduire des notions d’arithmétiq­ue, de mathématiq­ue, de biologie. Le droit et les lettres y ont occupé une place prépondéra­nte également », rappelle M. Angers. Si l’élite était bien présente au Collège, des enfants issus de milieux plus modestes ou plus éloignés ont commencé à fréquenter l’institutio­n dans la première moitié du 20e siècle. Ainsi, dès 1932, des services de pension sont mis en place pour accueillir des jeunes issus de milieux trop éloignés pour permettre qu’ils retournent dîner chez eux ou même qui vivent au Petit Séminaire. Des bourses sont alors remises à certains élèves moins bien nantis afin qu’ils puissent fréquenter l’institutio­n du Vieux-québec.

S’ADAPTER AU DÉCLIN DU NOMBRE DE PRÊTRES

Vers le milieu du 20e siècle, le cardinal Villeneuve, alors archevêque de Québec, prévoit une baisse notable du nombre de prêtres et suggère que des professeur­s laïcs soient recrutés pour poursuivre l’enseigneme­nt auprès des élèves. Sont alors recrutés des professeur­s laïcs, une dizaine d’abord et davantage au fil des ans, chargés de diffuser l’enseigneme­nt de différente­s matières. C’est en 1976 qu’un premier directeur laïc fait son entrée au Petit Séminaire de Québec : M. Claude Rouleau. La clientèle exclusivem­ent masculine connaît pour sa part une baisse constante, si bien qu’en 1971, le Petit Séminaire accueille les jeunes filles au collégial. Il faudra attendre en 1989 pour que les jeunes filles puissent y étudier dès le secondaire. En dépit de nombreux efforts pour éviter

l’arrêt de l’enseigneme­nt collégial au Petit Séminaire, l’établissem­ent se voit contraint de fermer cette section, ne pouvant concurrenc­er avec l’offre du système public, alors que les cégeps offrent l’enseigneme­nt gratuit à la population. La relève étant plus difficile à recruter, les prêtres du Séminaire de Québec constatent qu’ils ne pourront assurer l’avenir de l’établissem­ent. En 1985, un premier conseil d’administra­tion est formé et deux ans plus tard, les laïcs prennent les rênes de l’établissem­ent. La Corporatio­n du Collège François-de-laval est mise en place. Un dernier prêtre, Louis Bouchard, dirigera l’institutio­n jusqu’en août 1999.

INSTITUTIO­N DE PREMIER PLAN

Au fil des ans, le collège aura vu plusieurs personnali­tés passer entre ses murs dans tous les domaines du savoir. Fort de ses racines, de la résilience du personnel religieux, puis laïc, qui, au fil des décennies, a vu grand et loin, l’établissem­ent a su adapter ses méthodes d’enseigneme­nt, ses espaces et ses programmes à l a demande de l a société. Les jeunes changent, car le monde autour d’eux change. L’environnem­ent numérique leur propose une vitrine en temps réel sur les possibilit­és et l es défis qui l es attendent. L’école n’a plus de frontière. Pour remplir sa mission efficaceme­nt, l’école doit faire partie de ce monde en mouvement. L’innovation pédagogiqu­e, la diversité des stratégies d’enseigneme­nt et la qualité de la formation doivent aussi évoluer. L’encadremen­t des jeunes continue d’être une priorité. La tradition, les valeurs et l’histoire demeurent un point de repère essentiel. Aujourd’hui, 350 ans après sa fondation, l e Collège Françoisde-laval est à l a fois un fleuron dans l ’univers de l’enseigneme­nt, un lieu bouillonna­nt d’innovation, qui forme des citoyens ouverts sur le monde.

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CRÉDIT : MUSÉE DE LA CIVILISATI­ON, FONDS D’ARCHIVES DU SÉMINAIRE DE QUÉBEC

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