UN CHOIX DÉTERMINANT POUR Clément Gignac
Il y a une cinquantaine d’années, les parents de Clément Gignac prenaient une décision qui se sera révélée déterminante dans le parcours scolaire, professionnel et personnel de leur fils : demander une aide financière au Séminaire de Québec pour qu’il ait la chance d’étudier dans une école de premier plan, déjà réputée, où ont été formés plusieurs de ceux qui ont façonné le Québec au fil des décennies. DE LA TERRE À LA VILLE
« Fils d’agriculteur, dernier d’une famille de huit enfants, ayant grandi à Saint-gilbert, dans le comté de Portneuf, si je n’avais pas eu droit à cette aide financière, je n’aurais pas pu étudier au Collège, d’autant plus que la distance entre la maison familiale et l’établissement m’obligeait à être pensionnaire, ce qui était très coûteux, rappelle M. Gignac. Pour moi, le coup de pouce financier a fait la différence entre aller au Séminaire et ne pas y aller. » Ainsi, à 13 ans, il quittait sa campagne natale et le nid familial, du moins du dimanche au vendredi, pour le Collège, où il étudiait, certes, mais également où il était pensionnaire. Le passage de M. Gignac entre les murs de cette institution qui a accueilli les plus grands du Québec aura teinté une partie de sa vie. Il y a, bien sûr, la formation de haut niveau, à laquelle les étudiants pouvaient s’attendre en franchissant les portes de l’institution. Cette formation, axée sur la rigueur, sur l’excellence, mais aussi sur le développement des élèves dans tous les aspects de la vie, en aura révélé plus d’un à lui-même. Y compris M. Gignac. « Jusqu’en cinquième secondaire, je ne savais pas encore dans quelle branche je poursuivrais. C’est un professeur d’économie, Julien Mardomingo, qui m’a finalement transmis sa passion », se souvient-il. C’est donc en partie au Séminaire de Québec, devenu, depuis, le Collège François-de-laval, qu’on doit l’un de nos économistes de premier plan, celui-là même qui a été ministre du Développement économique du Québec de 2009 à 2012.
AU-DELÀ DE LA FORMATION
Non seulement M. Gignac estime que son passage au Collège a été déterminant sur le plan de la formation et de la carrière, mais il sait aussi qu’il en aura tiré avantage à travers les liens qui s’y sont créés. « Les amis proches, on les compte bien souvent sur les doigts d’une main. Parmi ceux-là, il y en a plusieurs du Séminaire de Québec ou parmi les pensionnaires que je continue à fréquenter aujourd’hui. Nos vies respectives nous ont éloignés, mais lorsque nous nous retrouvons, nous avons l’impression que nous nous sommes laissés la veille », raconte l’actuel vice-président principal, placements, et économiste en chef chez ia Groupe financier. En plus des liens qu’il y a créés, M. Gignac peut très bien se souvenir des valeurs de solidarité, de rigueur et d’excellence qu’il a reçues et qu’il a appris à développer pendant ses études au Collège. « Et les lieux… Tu évolues dans un cadre historique, dit-il. Tu es dans le Vieux-québec, tu te promènes dans de vieux bâtiments, tu vois les photos sur les murs, les promotions des années 1930. Et tu vois ceux qui sont passés par là : beaucoup de premiers ministres, de ministres, de dirigeants de compagnie. C’était quand même impressionnant pour quelqu’un qui arrivait de la campagne. »
PÉRENNISER L’ACCÈS À TOUS
Lorsque les parents de M. Gignac ont fait les démarches pour faire admettre leur fils au Collège, et lorsque celui-ci a réussi les épreuves pour son admission en tant que boursier, les conditions nécessaires pour qu’il ait accès à l’enseignement exceptionnel de cette institution étaient réunies. « J’avais, en quelque sorte, franchi la porte, et il ne tenait ensuite qu’à moi d’y rester en consacrant les efforts nécessaires pour avoir de bons résultats. » Aujourd’hui, M. Gignac s’implique dans la grande campagne de financement qui a cours actuellement pour justement aider d’autres jeunes à franchir la même porte. « J’ai toujours été reconnaissant, parce que je me dis que peu importe d’où tu viens, que ce soit de la Basse-ville, de la Haute-ville, de la campagne, ou encore que tu viennes d’un milieu aisé ou modeste, ça ne doit pas être le portefeuille de tes parents qui détermine si tu fréquentes le Collège François-de-laval ou pas, affirme-t-il. C’était la philosophie à l’époque et c’est encore la philosophie aujourd’hui. C’est un peu pour ça que je m’implique pour qu’un fonds soit capitalisé afin que le Collège puisse continuer à faire vivre cette philosophie. »