Le Journal de Quebec

Risques de favoritism­e dans les contrats à la Ville

Le VG écorche l’administra­tion sur la gestion des mandats profession­nels et techniques

- STÉPHANIE MARTIN

La Ville de Lévis ne respecte pas à la lettre sa politique d’octroi de contrats, ce qui pourrait mener à du favoritism­e et à des dépenses déraisonna­bles.

Le vérificate­ur général de la Ville de Lévis a rendu hier son rapport pour l’année 2017, dans lequel il écorche la municipali­té. Il a noté des lacunes dans l’octroi de contrats pour des services profession­nels et techniques pour les trois dernières années.

En particulie­r pour les contrats de gré à gré de 25 000 $ ou moins pour lesquels les règles prévoient qu’une demande de prix soit adressée à au moins deux fournisseu­rs.

Or, dans 44 % des cas étudiés, la Ville ne respecte pas cette exigence, note le vérificate­ur, Yves Denis. « D’une direction à l’autre, cette exigence est appliquée avec plus ou moins de constance », écrit M. Denis.

Les responsabl­es ont plaidé que le fournisseu­r privilégié était à leur connaissan­ce compétent. Or, le vérificate­ur estime que ce critère ne permet pas de juger du caractère raisonnabl­e du prix demandé.

En moyenne, la Ville dépense 28,5 millions $ par an en services profession­nels et techniques. Les mandats de 25 000 $ ou moins représente­nt jusqu’à 75 % de tous ces contrats, a indiqué le directeur de l’approvisio­nnement, Vincent Vu.

Le risque est « significat­if », a mentionné M. Denis. « Il est lié à l’économie et aussi au favoritism­e », a-t-il précisé.

TROP CHER PAYÉ

« Si dans certaines circonstan­ces, on ne procède pas à une demande de prix, il y a des risques qu’on paie trop cher. »

Les devis sont souvent imprécis. M. Denis a pu observer que seul le fournisseu­r qui demandait des précisions avait reçu l’informatio­n alors que celle-ci aurait dû être communiqué­e à tous.

« Nous avons détecté un risque significat­if que cette décision ait pu favoriser le fournisseu­r » qui a eu réponse à ses questions.

De plus, « la Ville ne dispose d’aucune procédure pour encadrer la réception des services reçus ». La confirmati­on des travaux effectués se fait souvent par courriel ou verbalemen­t.

Sans documents formels, « on risque de payer pour des fourniture­s et des services qu’on n’a jamais reçus », déplore le vérificate­ur.

« PETITE LUMIÈRE JAUNE »

La direction générale de la Ville parle d’une « petite lumière jaune » qui s’est allumée. On entend bonifier la formation du personnel.

« On prend au sérieux cette recommanda­tion et on va tout mettre en branle le plus rapidement possible », a indiqué le directeur général, Simon Rousseau, qui plaide les délais serrés.

Mais il note que la Ville a mis sur pied en février une nouvelle politique de gestion contractue­lle qui impose des sanctions pour les employés qui n’appliquent pas les procédures à la lettre.

« Dans l’ensemble, on respecte les lois, mais on a des améliorati­ons à faire », a convenu le maire, Gilles Lehouillie­r, qui accueille favorablem­ent les recommanda­tions.

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PHOTO SIMON CLARK Le maire de Lévis, Gilles Lehouillie­r, a accueilli les recommanda­tions du vérificate­ur général, et a assuré que les correctifs seraient apportés.

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