Des graffitis haineux sur des photos de musulmans
Une exposition sur le multiculturalisme a été vandalisée
Une exposition photo de l’artiste Éric Côté a été la cible de graffitis haineux sur le pont Dorchester à Québec. Intitulée « Québec, visages de la diversité », l’exposition a été vandalisée par des propos attaquant notamment la communauté musulmane.
Sur la photo d’une famille musulmane, installée sur le pont qui enjambe la rivière Saint-charles, on pouvait notamment lire « Invasion barbare. Ce n’est pas au Québec de s’intégrer à l’islam ». Sur une autre, l’inscription suivante : « Une richesse ? Mentalité 12e siècle ».
Un des graffitis s’en prenait à une femme voilée apparaissant avec son mari sur une des images en s’attaquant au couple dans des termes vulgaires.
Les propos haineux ont été qualifiés de choquants par l’auteur des photos.
« C’est une attaque à une oeuvre, à l’art public, mais surtout à des gens, aux familles qui m’ont fait confiance. Ça va au-delà de faire des graffitis sur des photos », déplore Éric Côté.
M. Côté se désole aussi que cette attaque soit la deuxième depuis le lancement, à la fin juillet.
Il craint que le débat sur l’immigration qui anime actuellement la campagne électorale ait un rôle à jouer dans ces deux événements.
« Peut-être que le débat sur l’immigration avec les élections qui arrivent a favorisé ça, je ne sais pas. Il ne s’est rien passé pendant un mois et demi, et là, ça arrive, deux semaines avant la fin de l’expo », indique l’artiste.
ENQUÊTE OUVERTE
Le Service de police de la Ville de Québec a confirmé qu’une enquête sur ces actes répréhensibles était ouverte.
« Nous avons eu un signalement ce matin [hier], et nos policiers se sont rendus sur place. Nous avons reçu une plainte, et le dossier a été transféré à la division des crimes majeurs », explique David Poitras, porte-parole du SPVQ.
De son côté, la Ville de Québec, qui produit l’exposition, affirme que les photos endommagées seront remplacées sous peu.
GESTE « D’IGNORANCE »
La directrice générale du Centre multiethnique de Québec, qui a établi le contact entre le photographe et les familles qui ont participé à l’exposition, se désole du geste, mais ne se dit pas étonnée pour autant.
« Ça montre l’ignorance de certaines personnes. Et ça prouve à quel point l’adhésion sociale à ce projet de société qu’est l’immigration est fragile », estime Dominique Lachance.
La directrice de l’organisme communautaire assure toutefois que ces gestes d’intolérance n’auront pas raison des organisations, comme la sienne, qui travaillent en faveur de la diversité culturelle.
« Oui, il y a du chemin à faire, mais il y en a beaucoup qui a été fait déjà. Maintenant, il faut continuer et ne pas se braquer ou arrêter, parce que des ignorants ont décidé de vandaliser des photos de familles heureuses », dit Mme Lachance.