« L’homme de 4 millions » a un trou de mémoire
Le candidat de la CAQ avait déclaré un conflit d’intérêts à la Caisse de dépôt
Le candidat de la Coalition avenir Québec Christian Dubé est incapable de préciser jusqu’où il s’est protégé des apparences d’un conflit d’intérêts quand il était premier vice-président à la Caisse de dépôt et placement du Québec.
M. Dubé a été responsable de la stratégie d’investissement au Québec de la CDPQ pendant quatre ans, jusqu’au début du mois.
Durant cette période, la société d’état a investi plusieurs millions de dollars pour l’achat d’actions de Lumenpulse, une entreprise québécoise dont l’épouse de M. Dubé, Josée Perreault, était actionnaire et administratrice.
Dans une entrevue à notre Bureau d’enquête, M. Dubé a assuré qu’il avait respecté toutes les règles en déclarant sa situation en août 2015.
« J’ai divulgué mon intérêt pour être certain qu’il n’y avait pas de conflit », a-t-il dit dans une entrevue téléphonique.
Christian Dubé a assuré qu’il était « exclu des décisions d’investissement qui ont rapport à ce dossier-là ».
Le candidat dans La Prairie a cependant été incapable de se souvenir s’il s’est retiré de chacune des réunions d’un comité qui assurait le suivi du placement boursier.
IL NE SE SOUVIENT PAS
« Je ne m’en souviens pas. J’ai été là pendant quatre ans, il a dû y avoir une centaine de réunions de comité d’investissement. »
Répétant qu’il était « mal à l’aise » de répondre aux questions, M. Dubé a déclaré n’avoir jamais « parlé » de Lumenpulse avec Mme Perreault quand il était à la Caisse.
Questionnée sur les mesures mises en place pour éviter l’apparence d’un conflit d’intérêts, la CDPQ a été incapable de préciser le rôle de M. Dubé par rapport au comité d’investissement chargé de suivre le placement dans Lumenpulse.
« Les décisions sont prises à la majorité des membres, a répondu le porte-parole, Yann Langlais-plante. Ni M. Dubé ni aucun membre de ce même comité ne pouvaient prendre de décisions seuls. »
Entre novembre 2015 et janvier 2017, le « comité concerné » a fait le suivi du dossier de Lumenpulse à cinq reprises, a indiqué le porte-parole. Selon M. Langlais-plante, le gestionnaire du placement dans Lumenpulse a agi « de façon indépendante ».
AUTRES ENTREPRISES
La Caisse avait pourtant totalement exclu M. Dubé de la gestion d’autres placements qu’elle détient dans des entreprises québécoises où son épouse avait également des intérêts, soit BRP, où elle est devenue vice-présidente de la filiale Spyder en 2016, et Groupe WSP, dont elle est administratrice depuis 2014.
« La détention de la Caisse dans Groupe WSP dépassait le seuil du 10 % lui donnant le statut d’initié avec des droits de gouvernance, dit M. Langlais-plante. Dans Lumenpulse, la position de la Caisse était sous ce seuil. Ce sont deux mandats et deux stratégies différents. »