Le Journal de Quebec

La sortie médiatique de Parent est la cible de critiques

L’ex-animateur ne « flirtait pas », selon des dénonciatr­ices

- NICOLAS LACHANCE

Des victimes alléguées qui ont dénoncé les inconduite­s sexuelles de l’ex-animateur de radio Gilles Parent doutent que l’homme de 58 ans puisse avoir changé au point de mériter un micro à nouveau.

L’animateur visé par des allégation­s d’inconduite­s sexuelles a lui-même sollicité le quotidien Le Soleil afin de briser le silence et ouvrir la porte à un retour sur les ondes d’une radio de Québec. Dans cette entrevue publiée hier, il affirme être repentant, recevoir du soutien psychologi­que, mais semble minimiser la teneur des gestes qu’il aurait commis, ainsi que leur portée.

« Ça devient lui la victime. Lui, qui vient de passer une année de marde », affirme l’une des cinq femmes qui ont dénoncé au Journal en octobre dernier des comporteme­nts déplacés qu’aurait eus l’animateur ( voir encadré). Rappelons que la direction de Cogeco a congédié Gilles Parent à la suite d’une enquête interne.

« FLIRT » ?

Lors de son entrevue, Gilles Parent compare les comporteme­nts qui lui sont reprochés à du « flirt » et de « l’infidélité platonique ».

Or, les victimes réfutent fortement ces affirmatio­ns. « Ces “câlins” non désirés étaient très loin de me plaire. Lorsqu’un homme nous touche, peu importe l’endroit, sans qu’on ne le veuille, lorsqu’un homme nous fait un commentair­e sur notre physique chaque fois qu’on le croise au bureau […] On appelle ça du harcèlemen­t et non du flirt », a pesté l’une des femmes qui ont dénoncé l’ex-animateur.

L’animateur Sylvain Bouchard a également remis en question quelques affirmatio­ns de son ancien collègue. « Les gens ne se sont pas plaints parce que Gilles flirtait », a-t-il dit durant son émission matinale, prédisant cependant le retour de Parent à la radio.

De son côté, Catherine Desbiens qui avait porté plainte à la direction de Cogeco se demande pourquoi une station de radio voudrait l’accueillir à nouveau.

« Je vois mal comment… Parce que tu donnes tes excuses et que tu voies un psychologu­e, ça veut dire que tu es blanchi de tout? Ça veut dire que c’est beau? Que tu as changé et que ça l’a pris juste une couple de mois pour toutes les victimes que tu as eues dans ta carrière et des années de ta vie ? »

PEU BAVARDS

Pierre Martineau du FM93 qui a congédié Gilles Parent n’a pas voulu commenter la sortie de l’animateur. Chez Leclerc communicat­ion, propriétai­re de BLVD, CHOI Radio X et WKND, les dirigeants n’ont émis aucun commentair­e « par respect pour les victimes ». À Énergie, le directeur de la programmat­ion a mentionné que son équipe était complète.

L’expert en gestion de crise Victor Henriquez soutient que Gilles Parent avait le droit de s’exprimer et que c’est au public de juger de sa sincérité. « Il semble faire amende honorable et avoir fait un travail sur lui-même. Maintenant, ce sont ses gestes à la suite de cette déclaratio­n-là qui vont permettre aux gens de se faire une véritable idée à moyen terme, a-t-il mentionné. Je ne peux pas me prononcer s’il a minimisé ou non les gestes. Mais, il a un besoin clair de s’exprimer. »

Le Journal a tenté en vain de parler à Gilles Parent hier. – Avec la collaborat­ion de

Jean-françois Racine

 ?? PHOTO D’ARCHIVES, STEVENS LEBLANC ?? L’ex-animateur Gilles Parent photograph­ié en août 2014, à Québec, lors d’un entretien au Journal.
PHOTO D’ARCHIVES, STEVENS LEBLANC L’ex-animateur Gilles Parent photograph­ié en août 2014, à Québec, lors d’un entretien au Journal.

Newspapers in French

Newspapers from Canada