La peur, la clé du pouvoir de Trump
Le livre de Bob Woodward, Fear: Trump’s White House, trace un portrait révélateur de l’homme qui occupe la Maison-blanche et de son approche de la politique.
Le livre du célèbre journaliste qui avait contribué à la chute de Richard Nixon est paru mardi et presque toutes les copies se sont envolées.
Ce livre sera-t-il suffisant pour venir à bout de Donald Trump ? Probablement pas, mais l’ouvrage de Bob Woodward a de quoi inquiéter le président et son parti à la veille des élections de mi-mandat, à cause de ses révélations sur son style de gestion et sur la nature de sa personnalité.
DES RÉVÉLATIONS ACCABLANTES
Plusieurs détails du livre confirment ce qu’on savait déjà sur le chaos qui règne autour de Trump et sur le peu d’estime que des membres clés de son administration ont pour lui.
Certaines révélations ont toutefois fait sursauter, comme celle d’un conseiller qui s’est senti obligé de subtiliser des lettres sur le bureau de Trump, de crainte qu’il ne signe des décisions catastrophiques.
Il y a aussi de quoi s’inquiéter en lisant que sur des dossiers aussi fondamentaux que l’affrontement nucléaire avec la Corée du Nord, Trump démontre non seulement une ignorance aberrante, mais surtout une absence presque totale de volonté d’apprendre.
Sur l’affaire russe, le livre n’apporte pas de preuves définitives, mais il alimente la perception croissante selon laquelle le président cache quelque chose.
Au-delà du reportage détaillé sur le fonctionnement chaotique de la Maison-blanche, le livre trace aussi un portrait impitoyable de l’homme qui occupe le bureau Ovale.
L’épigraphe du livre en dit long sur la conception du pouvoir de Trump : « Le vrai pouvoir, c’est – et j’hésite à prononcer le mot – la peur. »
À plusieurs reprises, Woodward reprend cette formule pour montrer comment Donald Trump exploite l’intimidation et la peur dans toutes ses relations.
Ceux qui négocient L’ALENA en savent quelque chose. Woodward montre que dans les coulisses, Trump est vraiment convaincu qu’il faut être prêt à faire éclater le système pour obtenir le meilleur « deal ». Ça pourrait encore arriver.
Son approche de L’OTAN est semblable. On verra s’il réussira à remodeler ces institutions, mais pour le moment, il a surtout réussi à mettre en doute le leadership international qui a permis aux États-unis de prospérer en paix.
ET SI LA PEUR CHANGEAIT DE BORD ?
Donald Trump est convaincu que l’exercice du pouvoir par la peur lui réussit bien, mais, selon Woodward, c’est son penchant pour le mensonge et son mépris de la vérité qui entraîneront sa perte.
C’est du moins la conclusion qui ressort des témoignages qu’il a recueillis de la part de proches collaborateurs de Trump au sujet de l’affaire russe.
L’impression qui se dégage du récit de Woodward et de bien d’autres reportages sur ce président embourbé dans les scandales et prisonnier de ses mensonges est que maintenant, c’est l’intimidateur qui a de quoi avoir peur.