Trump va punir toute ingérence politique
Un décret signé hier prévoit des mesures de rétorsion
WASHINGTON | (AFP) Le président Donald Trump, élu après des ingérences de Moscou dans la campagne présidentielle, a signé hier un décret qui fixe un cadre permettant de sanctionner toute nouvelle tentative étrangère de perturber le cours des scrutins aux États-unis.
Le texte prévoit des mesures de rétorsion contre les pays, personnes ou entités étrangers qui chercheraient à attaquer l’infrastructure des élections (listes électorales, machines à voter, décompte des voix...), mais aussi à mener des opérations de propagande ou de désinformation.
« Nous menons des actions fortes pour sécuriser notre système électoral », a commenté le chef de l’état dans un communiqué, alors que l’opposition démocrate et certains élus républicains dénonçaient une mesure timorée.
AUCUN PAYS EN PARTICULIER
Le décret « ne vise aucun pays en particulier » puisque « la menace » peut venir de plusieurs endroits, a expliqué à la presse le conseiller présidentiel à la sécurité nationale John Bolton. Il s’appliquera aux élections législatives de mi-mandat du 6 novembre.
À l’approche du scrutin, « nous avons observé des signes, pas seulement de la Russie, mais aussi de la Chine, et des moyens potentiels de l’iran et même de la Corée du Nord », a précisé le directeur du renseignement américain, Dan Coats.
Selon la communauté du renseignement aux États-unis, le pouvoir russe a mené une opération concertée et planifiée pour influencer l’élection présidentielle de 2016 en faveur de Donald Trump, notamment à travers l’utilisation des réseaux sociaux et la diffusion de « fausses nouvelles ». Des accusations que la Russie dément formellement.
ENQUÊTE RUSSE
La justice a ouvert une enquête pour déterminer s’il y avait eu dans ce cadre une collusion entre Moscou et l’équipe de campagne du milliardaire républicain. Dans ce cadre, Donald Trump, qui crie son innocence et critique une « chasse aux sorcières », a suscité de nombreuses interrogations jusque dans son propre camp pour la faiblesse des représailles envers Moscou.
Son administration a bien pris en mars des sanctions contre 19 personnes et cinq entités, dont les services de renseignement russes, mais ces mesures ont été jugées tardives et insuffisantes par une large part de la classe politique. Pour pallier ce qu’ils jugent être une défaillance, des parlementaires des deux grands partis ont déposé des propositions de loi visant à créer des sanctions automatiques en cas de nouvelle ingérence étrangère dans le processus électoral.
Le président Trump, craignant de se retrouver lié par un texte contraignant, leur a coupé l’herbe sous le pied hier. En signant son décret, le chef de l’état « montre qu’il prend le contrôle du sujet, qu’il s’en préoccupe beaucoup », a estimé John Bolton.