Les Occidentaux impuissants à Idleb
Le bain de sang semble inévitable dans le Nord syrien
PARIS | (AFP) Au-delà des cris d’alarme sur le risque de catastrophe humanitaire, faute de leviers d’action, les Occidentaux paraissent impuissants à stopper une offensive du régime de Damas et des Russes sur le dernier bastion rebelle de Syrie, estiment des experts.
« Les protestations des pays occidentaux et de L’ONU n’ont aucune influence, car Damas, la Russie et l’iran veulent en finir avec la poche d’idleb », analyse Fabrice Balanche, spécialiste du Moyen-orient à l’université Lyon-2.
Pour Robert Malley, président de l’international Crisis Group, centre d’analyse des conflits à Washington, c’est même tout « le système international qui a failli en Syrie ».
BOMBARDEMENTS RUSSES
Après avoir repris une bonne partie du pays aux rebelles et aux djihadistes, le président Bachar al-assad, appuyé par l’aviation russe, a lancé une campagne de bombardements sur la province d’idleb, prélude à une vaste offensive terrestre.
Européens et Américains ont mis en garde contre un désastre humanitaire dans cette région frontalière de la Turquie où s’entassent près de trois millions de civils.
Ils redoutent aussi un nouvel afflux de réfugiés vers l’europe, déjà secouée par la question migratoire, et un regain de la menace djihadiste avec la dispersion de combattants radicaux hors de Syrie.
CONSTAT AMER
« Il y a beaucoup de battage des Occidentaux pour montrer leur mauvaise humeur face à la victoire du régime et des Russes qui s’annonce. (...) Mais ils ne feront rien », estime l’expert Fabrice Balanche.
Un constat amer partagé par les diplomates européens. « [...] Nos moyens sont d’abord la pression politique », lance l’un d’eux, fin connaisseur du dossier syrien.
Cette pression se résume en un avertissement à l’adresse de Vladimir Poutine, le risque d’un élargissement du conflit à d’autres acteurs régionaux et une menace, celle de laisser la Russie seule face au lourd fardeau de la reconstruction de la Syrie.
« Le chantage occidental, européen à la reconstruction, Poutine et Assad s’en moquent complètement. Ils savent que l’europe finira par céder, car elle ne supportera pas une nouvelle vague de réfugiés syriens », renchérit M. Balanche.