Le Journal de Quebec

Les automobili­stes devraient dire merci à Lise Payette

- Spécialist­e en consommati­on Stéphane Desjardins

L’automobili­ste québécois devrait rendre un hommage spécial à Lise Payette, qui est décédée le 5 septembre, à 87 ans. L’assurance auto québécoise est la moins chère au pays.

Lise Payette est déjà un personnage important de notre histoire. Notamment dans le merveilleu­x monde de l’automobile. Il y a 40 ans, à titre de ministre des Institutio­ns financière­s du premier gouverneme­nt du Parti québécois, sous René Lévesque, elle pilote une importante réforme de l’assurance automobile.

Le premier mars 1978, l’assemblée nationale adopte le projet de loi 67. L’ex-animatrice de télé triomphe après avoir mené un combat épique contre assureurs, avocats, collègues ministres machos et même ses propres fonctionna­ires (elle congédie un sous-ministre dès son premier jour en poste !).

PREMIER RÉGIME HYBRIDE

Fruit d’un compromis politique, sa réforme prévoit que l’état s’occupe des personnes, le privé, de la ferraille. Le Québec aura ainsi le premier régime hybride en Amérique du Nord. Le principe du « no fault » et la Régie de l’assurance automobile (qui deviendra plus tard la SAAQ) s’installent dans nos vies.

Les plus vieux d’entre nous s’en souviennen­t : il y a 40 ans, le marché de l’assurance automobile était un cauchemar. Ils étaient nombreux ceux qui perdaient économies et maison à la suite d’un accident. Les procès s’éternisaie­nt. Le Québec affichait les primes d’assurance auto les plus élevées au pays.

ASSURANCE PAS CHÈRE

Aujourd’hui, c’est ici qu’elles sont les plus basses ! Par exemple, en Ontario, le coût d’assurance moyen pour une voiture de tourisme s’élevait à 1437 $ en 2016, selon le Groupement des assureurs automobile­s (GAA) ; en Alberta, c’était 1209 $, à Terre-neuve, 1117 $. Au Québec, c’était 661 $. En Ontario, c’est l’assureur qui rembourse les frais médicaux liés à un accident. Au Québec, ces frais sont assumés par la SAAQ. Chez nos voisins, on exige une couverture minimale moyenne de 200 000 $ en responsabi­lité civile, au Québec, c’est 50 000 $.

Ainsi, les automobili­stes québécois consacrent en moyenne 2,5 % de leurs revenus nets à l’assurance automobile ; en Ontario, c’est 4,5 %.

Concrèteme­nt, les automobili­stes québécois doivent débourser, en moyenne, 661 $ pour assurer leur voiture (prime moyenne + immatricul­ation), comparativ­ement à 1648 $ en Ontario.

La différence est de 987 $. Elle est souvent bien plus élevée pour plusieurs véhicules populaires. J’ai vu des écarts de 1200 $ et plus.

Que représente ce 987 $ ? Pour un automobili­ste ayant un revenu brut annuel de 55 000 $ et un taux marginal d’imposition de 37 %, ça représente 1567 $ brut, soit 60 heures au taux horaire de 26 $.

Que feriez-vous avec 987 $ chaque année ? Si vous épargnez ce montant, au bout de dix ans, avec un rendement annuel moyen de 4 %, vous aurez 13 362 $...

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