Le Journal de Quebec

Les quatre chefs sont « sortables »

- GUY FOURNIER guy.fournier@quebecorme­dia.com

Il est possible qu’au débat de ce soir, à Radio-canada, les quatre chefs politiques, Philippe Couillard, François Legault, Jean-françois Lisée et Manon Massé vous paraissent insupporta­bles.

Seront-ils mieux trois jours plus tard en anglais ? Moins bavards, sans doute… Le jeudi 20, si vous n’avez pas encore perdu patience, ils débattront de nouveau à TVA et LCN en présence de Pierre Bruneau, qui réussit habituelle­ment à éviter la cacophonie.

Je n’ai jamais vu les chefs aussi sortables que cette semaine en entrevue avec Esther Bégin. L’ex-figure de proue de l’info à TQS et à TVA week-end revient à l’écran comme chef d’antenne francophon­e de CPAC, la chaîne d’affaires publiques par câble.

À moins d’être fou furieux de politique, ce n’est pas la chaîne qu’on syntonise le plus souvent, même si elle fait partie du service de base des distribute­urs. Mais si on désire savoir de quel bois se chauffent nos chefs, les entrevues qu’esther Bégin a menées avec eux quelques jours avant la campagne électorale sont à voir.

DES ENTREVUES RÉVÉLATRIC­ES

Dans ces face-à-face d’une demi-heure diffusés sans pause publicitai­re, les chefs se révèlent beaucoup. Calme, sans parti pris, posant des questions simples, Esther Bégin arrive à nous montrer chacun sous son vrai jour. C’est du moins ce qu’il me semble.

Il est inattendu, par exemple, d’entendre Philippe Couillard dire : « Ma tête a toujours trop parlé pour moi, j’essaie maintenant de laisser parler mon coeur. » C’est le premier politicien que j’entends parler de son admiration pour Adélard Godbout.

« Godbout a donné le droit de vote aux femmes, il a créé Hydro-québec et il a eu le courage de se prononcer en faveur de la conscripti­on. S’il avait obtenu un deuxième mandat, la Révolution tranquille aurait commencé beaucoup plus tôt. » Voilà une opinion qui devrait allumer tout bon historien.

FAMILLE ET POLITIQUE

De son côté, François Legault déclare sans pudeur qu’il n’a jamais réussi à concilier famille et politique. S’il peut désormais se consacrer entièremen­t à la politique, c’est qu’il reste seul avec sa femme Isabelle qui le suit partout. Des quatre chefs, Legault est celui dont le français est le plus relâché, un défaut qui ne m’avait pas frappé.

La politique a forcé Jean-françois Lisée à faire le deuil de sa maison et des repas en famille (il a cinq enfants) qui faisaient sa joie. Lorsqu’il quittera la vie parlementa­ire, Lisée veut écrire un autre livre dont il cherche le sujet. Le croiriez-vous, l’un de ses maîtres à penser est Theodore Roosevelt, le 26e président des États-unis.

Manon Massé avait donné rendez-vous à Esther Bégin au café Sfouf de la rue Ontario. Même si madame Massé a étudié la théologie, elle se dit une « nobody ». Elle est fière d’être lesbienne, s’offense qu’on blague encore sur sa moustache et ses vêtements. Elle avoue se conduire toujours de façon à ne pas recevoir de sa mère « une claque derrière la tête ». Façon de parler, puisque sa maman est décédée.

Après avoir vu les quatre entrevues, j’ai décidé pour qui je voterai. Ces entrevues seront rediffusée­s à 18 h avant le débat de ce soir. Si elles ont sur vous le même effet que sur moi, vous pourriez éviter le débat !

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