Le Journal de Quebec

Être laissée pour une autre a parfois du bon

- LOUISE DESCHÂTELE­TS louise.deschatele­ts@quebecorme­dia.com

Je fais partie de la cohorte des femmes qui ont été abandonnée­s par un homme friand de chair fraîche. Ça m’est arrivé il y a 20 ans, alors que je venais de franchir le cap de la cinquantai­ne et que je me croyais liée à vie avec le père de mes enfants. Oh que ça m’a fait mal quand il m’a dit que plus rien ne le retenait dans une union qui sentait la mort, quand lui avait encore une très forte envie de vivre au maximum.

J’ai vécu comme un zombi pendant les trois ans qui ont suivi la séparation. Je n’ai mis aucune énergie à contester les clauses du divorce telles qu’il me les avait proposées tant plus rien ne me rattachait à l’existence. Mes enfants étaient déchirés entre leur allégeance à chacun de leurs parents parce qu’ils comprenaie­nt leur père en même temps qu’ils s’apitoyaien­t sur mon pauvre sort.

J’étais rejetée parce que j’avais tout fait pour ça. Avec les années, j’étais devenue une mère à plein temps sans laisser aucune place à mon couple. Et je me retrouvais, alors que mes enfants étaient sur le point de voler de leurs propres ailes, abandonnée et seule au bord du chemin. Je ne comprenais pas comment il se faisait qu’une femme aussi parfaite que moi méritait ça !

À 55 ans, grâce à une amie qui a décidé de me forcer à me prendre en main, j’ai décidé de choisir la vie au lieu de m’enligner inexorable­ment vers la mort. J’ai accepté de consulter pour découvrir que toute ma vie, je m’étais contentée de ce qui me tombait sous la main sans jamais décider par moi-même de ce que je voulais vraiment.

Je suis retournée sur le marché du travail parce qu’il y avait pénurie dans mon domaine. Mais surtout parce que je venais de découvrir que j’avais sacrifié ça pour mes enfants. Et après m’avoir un peu mise de côté parce qu’excédés de m’entendre me plaindre, ces derniers se sont mis à me fréquenter de nouveau pour le plaisir.

Je suis revenue de loin, et rendue à 65 ans, j’ai enfin trouvé la paix du coeur avec un homme qui aime les mêmes choses que moi, mais surtout qui m’aime pour ce que je suis. Et mes enfants l’adorent. La finale de cette his- toire ne m’appartient pas : mon ex a entamé sa marche vers le noir total puisqu’il est atteint de la maladie d’alzheimer et son « encore jeune femme » l’a abandonné aux bons soins de ses enfants ainsi que de moi et de mon compagnon. Une femme épanouie et heureuse

Quel superbe parcours vous avez fait, et quelle lumineuse fin vous avez réservée à votre entourage. Ça montre à la fois le ressort qui subsiste en tout être humain qui veut changer, et la capacité de pardonner, de celui qui a du coeur au ventre.

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