Une jeunesse fédéraliste ?
La Presse publiait récemment un sondage nous « révélant », encore une fois, que la jeune génération, et plus spécialement les 18-25 ans, est globalement hostile ou indifférente à l’indépendance. Dans le cadre de cette élection, elle est absente de leurs préoccupations.
SOUVERAINETÉ
De même, les jeunes sont béatement optimistes quant à l’avenir du français et systématiquement favorables au multiculturalisme. Loin de s’inquiéter du sort des Québécois francophones, ils s’inquiètent plutôt de celui des « minorités », et les imaginent discriminées. Même les anglos seraient discriminés au Québec !
Sans surprise, ces données étaient présentées par La Presse de manière triomphaliste, comme si la jeunesse faisait preuve d’une lucidité supérieure et liquidait les vieilles querelles des générations précédentes.
Cherchons plutôt à comprendre cette indifférence.
La jeune génération est née à la politique dans un Québec où l’idée d’indépendance était en déroute et les souverainistes présentés comme des perdants. Nous étions occupés non pas à résoudre la question nationale, mais à la liquider. Ces jeunes sont les enfants de la défaite référendaire. Ils nous rappellent malgré eux qu’un peuple n’échoue pas son indépendance sans être dérouté psychologiquement et abîmé culturellement.
Plus personne ne critiquait sérieusement le régime canadien : on préférait vivre dans l’illusion toxique, mais puissante, d’un Québec qui serait presque déjà souverain et où l’avenir du français serait assuré.
DÉRACINEMENT
La nouvelle génération est née dans un monde qui diabolise l’identité nationale en l’associant à la xénophobie.
À l’école comme dans les médias, elle a été la cible d’une propagande visant à lui inculquer une mauvaise conscience.
Lorsqu’elle pense à l’histoire, elle pense moins à la subordination dont a été victime le peuple québécois et à sa fragilité identitaire, qu’elle l’imagine dans le rôle imaginaire du bourreau persécutant les Amérindiens.
La jeune génération n’est pas éclairée : elle est tentée par le néant politique. Ne la blâmons pas, mais plaignons-la, et réenracinons-la.