Le Journal de Quebec

Pourquoi Legault veut être premier ministre ?

- CLAUDE VILLENEUVE Directeur Opinions claude.villeneuve @quebecorme­dia.com @vclaude

Lors du débat des chefs, certains ont sursauté lorsque François Legault a dit pour quelle promesse il démissionn­erait s’il ne parvenait pas à la réaliser : « Je ferais de la politique seulement pour la maternelle 4 ans. »

C’est surprenant. Parce qu’en 20 ans de politique, parmi toutes les priorités que François Legault a eues, la maternelle 4 ans, c’est plutôt nouveau.

LES PRIORITÉS SE SUCCÈDENT

Comme ministre de l’éducation, M. Legault avait fait de l’équité intergénér­ationnelle une priorité. Au Sommet de la Jeunesse, en 2000, il s’adresse aux jeunes : « Si vous ne vous impliquez pas, vous allez vous faire fourrer ! »

Après qu’il eut menacé de démissionn­er si les engagement­s pris au Sommet n’étaient pas respectés, des anciens du mouvement étudiant se rassemblen­t autour de lui. Avec eux, il fera circuler l’idée d’un référendum sur le rapatrieme­nt de points d’impôts, pour faire avancer le Québec en attendant la souveraine­té.

Une fois dans l’opposition, mais toujours au PQ, il est le plus pressé des pressés en matière de souveraine­té. Il publie Les finances publiques d’un Québec souverain.

Legault développe aussi le discours de l’efficacité économique. Lorsqu’il déclare que les Québécois n’ont plus l’appétit des grands projets collectifs, en 2008, il en appelle néanmoins à un grand rattrapage. « Pendant que le Québec marchait, nos concurrent­s couraient », répète-t-il. Il plaide pour un dégel des tarifs d’électricit­é, une idée abandonnée depuis.

Puis il quitte le PQ. Puis il fonde la CAQ. Déplorant ouvertemen­t la place consacrée aux débats sur la souveraine­té, l’identité et la corruption, il souhaite qu’on fasse de l’économie une priorité.

À partir de ce moment-là, les priorités changent à une vitesse folle. Recrutant Jacques Duchesneau à la veille des élections de 2012, il devient le champion de l’éthique et de la lutte anticorrup­tion. Au PQ, l’angle d’attaque est tout trouvé. « Legault n’est pas fiable. »

En 2013, c’est alors le Projet SaintLaure­nt qu’il met de l’avant. Une idée intéressan­te pour faire contrepoid­s au Plan Nord, dont on entend encore parler une fois de temps en temps.

Puis, en 2014, François Legault table sur la lutte au gaspillage, en traînant sa charte du contribuab­le. Sa campagne courageuse d’alors lui permet d’éviter le naufrage.

En 2015, Legault se cherche, face à Pierre Karl Péladeau qui lui vole sa marque économique. Il présente donc en 2016 une plateforme constituti­onnelle. Un discours identitair­e s’ajoutera lors de l’émergence de Jean-françois Lisée.

Aujourd’hui, François Legault fait campagne avec un programme social-démocrate en promettant de dépenser plus que le PQ. Et il dit désormais qu’il est en politique pour la maternelle 4 ans.

INCONSTANC­E

En gros, la seule constance dans les priorités de François Legault, c’est leur inconstanc­e.

On dit souvent de cet homme qui sera peut-être notre premier ministre qu’il est victime de son manque de charisme et d’habileté politique. C’est injuste. M. Legault arrive toujours dans les premiers quand on mesure la cote d’amour des politicien­s, et ce, depuis longtemps.

Toutefois, si peu de gens détestent foncièreme­nt François Legault, il faut constater aussi que peu de gens l’aiment à la folie.

Se pourrait-il que ça ait quelque chose à voir avec le fait qu’après 20 ans, on a bien compris que François Legault désire être premier ministre, mais qu’on ne sait toujours pas pourquoi ?

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Comme ministre de l’éducation, M. Legault avait fait de l’équité intergénér­ationnelle une priorité.

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