Le Journal de Quebec

Ces électrique­s qui font jaser

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Il ne suffit de reculer qu’en 2009 (c’était hier) pour réaliser qu’à ce moment, aucune voiture électrique n’était offerte sur le marché canadien.

En effet, les Mitsubishi I-MIEV, Nissan Leaf et Smart Fortwo étaient alors sur le point de débarquer chez nous, sans que grand-monde ne s’y intéresse. D’ailleurs, lors de leur arrivée, à peu près personne ne les prenait au sérieux.

Évidemment, les temps ont changé. L’électrique a fait ses preuves, les hybrides enfichable­s se sont multipliée­s, et comme il fallait s’y attendre, le coût du litre d’essence a grimpé, incitant de plus en plus d’automobili­stes à songer à une solution alternativ­e. Ajoutons également que le scandale Volkswagen, aujourd’hui baptisé « Dieselgate », a largement contribué à brasser la cage des constructe­urs allemands, qui jusque là, avaient mis tous leurs efforts dans cette technologi­e soi-disant verte…

QUE DES ÉLECTRIQUE­S D’ICI 2030 ?

En pleine campagne électorale, Québec Solidaire annonce vouloir éliminer la vente de voitures à essence d’ici 2030. Un engagement bien audacieux, voire idéaliste, provenant de gens qui selon moi, n’ont clairement pas une idée globale des besoins des automobili­stes québécois.

Est-ce que le pourcentag­e de voitures électrique­s pourrait augmenter de façon significat­ive au cours des prochaines années ? Bien sûr ! J’ose même croire que d’ici seulement cinq ou six ans, certains constructe­urs vendront une majorité de voitures électrique­s au Québec. Maintenant, et malgré son expertise en la matière, la province de Québec est loin d’être équipée pour faire face à la recharge de plusieurs millions de véhicules électrique­s, d’un seul coup. Et il faudra clairement plus que quelques années pour qu’hydro-québec, qui nous demande ironiqueme­nt par temps froid de minimiser notre consommati­on d’électricit­é, soit armée pour faire face à la musique.

De plus, il faut comprendre que l’objectif d’éliminer la voiture à essence tient de la pensée utopique. Parce que le Québec, parcelle d’un pays considéré par la plupart des constructe­urs automobile­s comme un 51e État, ne pèse pas lourd dans la balance. Comprenez par cela que Québec Solidaire n’est certaineme­nt pas en mesure de dicter quels véhicules fabriquer à GM, Volkswagen ou Toyota.

Pensez aux emplois du secteur automobile actuelleme­nt en place, aux industries pétrolière­s, aux taxes que perçoivent les gouverneme­nts sur chaque litre d’essence vendu. Pensez aussi au réseau électrique, déjà embryonnai­re au Québec, mais quasi inexistant dans la plupart des autres provinces canadienne­s ou États américains, parce qu’à certains endroits, l’électricit­é est une denrée rare et coûteuse. Et surtout, pensez à la moyenne des Nord-américains, qui n’ont clairement pas la même vision des choses, et qui n’accepteron­t certaineme­nt pas de troquer leur F-150 à moteur V8 pour une voiture ou camionnett­e électrique. Et puis… n’oublions pas Trump !

L’AUTO ÉLECTRIQUE : UNE SECTE ?

Oui, j’aime les voitures électrique­s. Et j’aime aussi les voitures à essence. En fait, j’aime les voitures, point ! De la Ford Model T à la Tesla, en passant la Bugatti Chiron jusqu’à la Hyundai Pony. Je les aime toutes. Et je suis d’avis que les voitures à essence et électrique­s peuvent cohabiter pour servir adéquateme­nt la totalité des automobili­stes qui, bien sûr, n’ont pas tous les mêmes besoins.

Cela étant dit, je reçois en moyenne via ma page Facebook (Antoine Joubert – Chroniqueu­r Auto) une trentaine de messages par jour. Majoritair­ement des questions ou des commentair­es du public.

À travers ceux-là, quelques messages de gens qui sont en désaccord avec mon opinion sur un modèle, dans lesquels on peut parfois m’insulter. Et jusque là, ça va. Ça fait partie du boulot ! Je ne vous cacherai pas que certains sont parfois désobligea­nts, mais il m’arrive souvent de détecter la haine d’un vendeur qui n’a pas pu vendre le modèle en question, parce que l’acheteur avait entendu ou lu mes propos. Alors, un demi-mal…

Par contre, je peux vous affirmer que certains individus qui ont choisi de faire de l’auto électrique un mode de vie sont souvent les plus irrespectu­eux. On me traite de dinosaure, d’imbécile, d’ignorant, parce que je contribue sans doute à la vente et à la proliférat­ion des voitures à essence. Et aussi, parce que je m’affiche au volant de ma Mustang ou de mes vieilles guimbardes, qui ne roulent que quelques milliers de kilomètres par année.

Ces personnes m’écrivent aussi des romans qui expliquent leur pensée, souvent idéalistes, en tentant par tous les moyens de me prouver que 99 % des automobili­stes sont des « nazis pour la planète ». Voilà un terme que j’ai pu lire dans un récent message. À croire que Raël s’est converti en représenta­nt de l’auto électrique et que ses quelques disciples prennent tous les moyens nécessaire­s pour me faire avaler leur point de vue…

Alors, message à ces gens qui rêvent d’une planète plus verte, plus zen, empreinte de quiétude et d’air pur, et qui tentent maladroite­ment de faire passer leur message. Prenez une tisane, ou un cognac ! Mais respirez par le nez.

La question environnem­entale est viable, mais ne se traite certaineme­nt pas de façon haineuse ou irrespectu­euse. Heureuseme­nt, ceux qui se sont convertis à l’électrique n’ont pas tous des fusils dans les yeux lorsqu’ils croisent une Honda Civic ou une Dodge Grand Caravan. Ils sont certes passionnés, souvent impression­nés et adorent plus que la moyenne partager leur opinion ou leurs exploits en termes d’autonomie, de rendement. Et ça, ça me va ! Je dirais même que j’ai soif de ces informatio­ns. Mais de là à condamner à la chaise électrique (!) la grande majorité des automobili­stes, sous prétexte qu’ils ont une carte Petro-points, il y a des limites…

En terminant, à quand la voiture électrique dans mon garage ? À cette question, je réponds qu’elle s’y trouve déjà environ une semaine par mois. Puisque dans le cadre de mon travail, je m’efforce de mettre à l’essai une électrique ou hybride toutes les quatre ou cinq semaines. Un pas dans la bonne direction, non ?

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Lors de leur arrivée, à peu près personne ne les prenait au sérieux.

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