Ruiné par sa fille, il ne peut plus payer ses factures
L’abus financier, ça n’arrive pas qu’aux autres. C’est ce qu’a constaté Roger, quand il a découvert que sa fille se servait généreusement dans son compte en banque et l’avait placé dans une position financière précaire à son insu.
Roger, 67 ans, a toujours confié à son épouse le soin de s’occuper de ses affaires financières. Mais au décès de celle-ci, c’est sa fille Martine qui a pris le relais.
Lorsque Roger travaillait encore, il gagnait de bons revenus, mais semblait toujours manquer d’argent. La situation a encore empiré à partir du moment où il a pris sa retraite et que ses ressources financières ont beaucoup diminué. C’est une lettre d’hydro-québec, le menaçant de couper son alimentation en électricité à cause d’une facture de 1200 $ encore impayée, qui lui a mis la puce à l’oreille...
UN GOUFFRE FINANCIER
Pour tenter de comprendre pourquoi il se retrouvait dans une pareille situation, Roger est allé consulter un syndic autorisé en insolvabilité chez Raymond Chabot. « En analysant ses affaires financières, nous avons constaté que sa fille avait utilisé et rempli ses cartes de crédit, et également contracté un prêt personnel de 6000 $ au nom de son père. Elle se servait aussi du compte en banque de ce dernier pour payer les factures de son propre téléphone », précise le syndic Pier-paul Belzil-lacasse.
Tant que son père empochait un bon salaire, Martine a toujours réussi à jongler avec les dépenses, ne payant que les montants minimums chaque mois. Autrement dit, juste assez pour que les créanciers ne lèvent pas le drapeau rouge. Mais avec une rente mensuelle de retraite de 1450 $, cela ne suffit plus pour combler le gouffre financier de 37 200 $ qui s’est creusé au fil du temps.
PROPOSITION DE CONSOMMATEUR
Car en plus du prêt personnel, de la somme due à Hydro-québec et des cartes de crédit dont les montants s’élèvent à 12 000 $, Roger a aussi des dettes fiscales de 18 000 $. Car là encore, sa fille a négligé de payer les sommes que lui réclamait le fisc.
Après avoir fait le tour de la question et mesuré l’étendue du problème, le syndic Pier-paul Belzil-lacasse a proposé à Roger deux solutions pour venir à bout de ses lourdes dettes : la faillite ou faire une proposition de consommateur. « Il a opté pour le deuxième choix, car pour lui, faire faillite est une humiliation, et ce, même si cela constituait l’option la moins coûteuse dans son cas », mentionne le syndic.
SE REPRENDRE EN MAIN
Une proposition de 10 000 $ a été faite aux créanciers, qui l’ont acceptée. Le retraité devra effectuer des paiements de 225 $ par mois pendant 45 mois. Sa cote de crédit sera affectée jusqu’à trois ans après la libération de la proposition, mais puisqu’il ne compte pas effectuer de demande de prêt ou de marge de crédit, les conséquences sont minimes.
« Nous avons aussi demandé au fils de Roger d’assister à nos rencontres afin de le conscientiser sur la question et d’aider son père à reprendre ses finances en main », souligne M. Belzil-lacasse. Il rappelle que les proches ou la famille sont souvent à l’origine de l’abus financier des aînés, et que ces derniers
doivent rester vigilants. « Même si l’on confie la gestion de ses affaires financières à une autre personne, il est important de vérifier les comptes ponctuellement et de s’assurer que les factures sont payées régulièrement », recommande-t-il.