Le Journal de Quebec

Ruiné par sa fille, il ne peut plus payer ses factures

- EMMANUELLE GRIL

L’abus financier, ça n’arrive pas qu’aux autres. C’est ce qu’a constaté Roger, quand il a découvert que sa fille se servait généreusem­ent dans son compte en banque et l’avait placé dans une position financière précaire à son insu.

Roger, 67 ans, a toujours confié à son épouse le soin de s’occuper de ses affaires financière­s. Mais au décès de celle-ci, c’est sa fille Martine qui a pris le relais.

Lorsque Roger travaillai­t encore, il gagnait de bons revenus, mais semblait toujours manquer d’argent. La situation a encore empiré à partir du moment où il a pris sa retraite et que ses ressources financière­s ont beaucoup diminué. C’est une lettre d’hydro-québec, le menaçant de couper son alimentati­on en électricit­é à cause d’une facture de 1200 $ encore impayée, qui lui a mis la puce à l’oreille...

UN GOUFFRE FINANCIER

Pour tenter de comprendre pourquoi il se retrouvait dans une pareille situation, Roger est allé consulter un syndic autorisé en insolvabil­ité chez Raymond Chabot. « En analysant ses affaires financière­s, nous avons constaté que sa fille avait utilisé et rempli ses cartes de crédit, et également contracté un prêt personnel de 6000 $ au nom de son père. Elle se servait aussi du compte en banque de ce dernier pour payer les factures de son propre téléphone », précise le syndic Pier-paul Belzil-lacasse.

Tant que son père empochait un bon salaire, Martine a toujours réussi à jongler avec les dépenses, ne payant que les montants minimums chaque mois. Autrement dit, juste assez pour que les créanciers ne lèvent pas le drapeau rouge. Mais avec une rente mensuelle de retraite de 1450 $, cela ne suffit plus pour combler le gouffre financier de 37 200 $ qui s’est creusé au fil du temps.

PROPOSITIO­N DE CONSOMMATE­UR

Car en plus du prêt personnel, de la somme due à Hydro-québec et des cartes de crédit dont les montants s’élèvent à 12 000 $, Roger a aussi des dettes fiscales de 18 000 $. Car là encore, sa fille a négligé de payer les sommes que lui réclamait le fisc.

Après avoir fait le tour de la question et mesuré l’étendue du problème, le syndic Pier-paul Belzil-lacasse a proposé à Roger deux solutions pour venir à bout de ses lourdes dettes : la faillite ou faire une propositio­n de consommate­ur. « Il a opté pour le deuxième choix, car pour lui, faire faillite est une humiliatio­n, et ce, même si cela constituai­t l’option la moins coûteuse dans son cas », mentionne le syndic.

SE REPRENDRE EN MAIN

Une propositio­n de 10 000 $ a été faite aux créanciers, qui l’ont acceptée. Le retraité devra effectuer des paiements de 225 $ par mois pendant 45 mois. Sa cote de crédit sera affectée jusqu’à trois ans après la libération de la propositio­n, mais puisqu’il ne compte pas effectuer de demande de prêt ou de marge de crédit, les conséquenc­es sont minimes.

« Nous avons aussi demandé au fils de Roger d’assister à nos rencontres afin de le conscienti­ser sur la question et d’aider son père à reprendre ses finances en main », souligne M. Belzil-lacasse. Il rappelle que les proches ou la famille sont souvent à l’origine de l’abus financier des aînés, et que ces derniers

doivent rester vigilants. « Même si l’on confie la gestion de ses affaires financière­s à une autre personne, il est important de vérifier les comptes ponctuelle­ment et de s’assurer que les factures sont payées régulièrem­ent », recommande-t-il.

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