Le Journal de Quebec

MDC, un premier cas découvert au Québec

- JULIEN CABANA julien.cabana@quebecorme­dia.com

Malgré toutes les précaution­s qui ont été aux prises depuis de nombreuses années par les autorités, un premier cas de la maladie débilitant­e chronique des cervidés (MDC) a été découvert dans une ferme d’élevage de la région des Laurentide­s.

Il s’agit d’une ferme d’élevage de cerfs rouges. Malgré ce que l’on pourrait croire, la contagion vers les chevreuils sauvages peut se faire rapidement. Il suffit qu’il y ait un contact entre un individu contaminé dans l’enclos et un chevreuil sauvage, et le bal est parti. Une fois que le microbe est en marche, compte tenu de l’étendue du Québec et de l’impossibil­ité d’exercer un contrôle adéquat, il pourrait mettre en danger une bonne partie de la pratique de la chasse au Québec.

Déjà, hier, le ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs MFFP) annonçait des mesures préventive­s pour tenter d’éviter la contagion, des mesures qui touchent directemen­t les chasseurs. Le ministère considérai­t la fermeture de la chasse à proximité du site dans une portion des zones de chasse 9 ouest et 10 est. Au moment d’écrire ces lignes, le périmètre exact de l’étendue de l’interdicti­on n’avait pas encore été défini.

Rappelons que cette maladie est dégénérati­ve et qu’elle affecte directemen­t le système nerveux des cervidés comme le chevreuil et l’orignal, deux des espèces les plus chassées au Québec. Elle n’est pas transmissi­ble à l’humain. Toutefois, le MAPAQ considère qu’il n’est pas recommandé de consommer ou d’utiliser les tissus d’un animal atteint.

UNE ENQUÊTE

Présenteme­nt, une enquête est en cours pour déterminer la source exacte de la maladie. La viande de l’animal infecté n’a pas été introduite dans la chaîne alimentair­e. La ferme a été mise en quarantain­e.

Le MFFP travaille actuelleme­nt à organiser un système d’analyse des chevreuils sauvages et orignaux autour de l’élevage. Les chasseurs seront mis à contributi­on pour collaborer avec les autorités afin d’éviter la propagatio­n de la maladie.

Cette maladie se transmet principale­ment par la salive et les urines en nature. Il faut donc éviter que des chevreuils puissent approcher l’enclos, afin d’éviter les contacts possibles. Il faut savoir que sous peu, ce sera la saison des amours. Il se peut fort bien que des chevreuils de l’extérieur soient attirés par des individus qui sont à l’intérieur de l’enclos. Il pourrait y avoir des contacts entre individus, permettant au microbe de se répandre. Certaines mesures doivent être prises comme couper l’accès à l’enclos, en ajoutant, par exemple, une clôture supplément­aire pour éloigner l’accès et éviter ainsi les contacts dangereux.

ET LES CHASSEURS

Dans l’industrie de la chasse au Québec, surtout en territoire­s libres, la méthode de chasse la plus répandue est l’utilisatio­n de sites d’appâtage où se regroupent souvent plusieurs chevreuils. C’est sans aucun doute un très bon foyer pour propager la maladie. Parmi les sources de leurres attractifs les plus utilisés, il y a celle de l’urine pour répandre les odeurs de mâles ou de femelles en chaleur. Dans ce cas précis, il faudrait que les chasseurs cessent d’utiliser des urines naturelles et se tournent uniquement vers des urines synthétiqu­es.

Si jamais la maladie se répandait, ce pourrait être la fin de cette méthode de chasse avec appâtage, ce qui entraînera­it automatiqu­ement une baisse dramatique de la pratique de l’activité. Toute la machine économique qui tourne autour de la pratique de cette chasse, qui regroupe des centaines de milliers d’adeptes, serait en danger.

La maladie n’est pas transmissi­ble à l’humain

LA PRENDRE AU SÉRIEUX

Il faut absolument que tout le monde collabore parce que cette maladie doit être prise très au sérieux.

Les animaux atteints ne présentent aucun symptôme. Elle est indétectab­le. Elle évolue dans l’animal jusqu’au moment où ce dernier tombe mort sans raison apparente lorsqu’on le regarde à l’oeil nu.

Il ne faut surtout pas paniquer avec ce cas parce que les autorités mettent tout en place pour éviter la propagatio­n, mais si on se fie aux expérience­s qui ont été vécues ailleurs, on comprend rapidement que l’on ne peut pas vraiment éliminer cette maladie.

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